Le chanteur et compositeur de 69 ans est à l'honneur de la cérémonie musicale. II se voit décerner un prix pour l'ensemble de sa carrière. Retour sur les dates clé de ses 40 ans de création.
En 1992, William Sheller était en lice dans la catégorie « artiste masculin » des Victoires de la musique. Un prix qui lui avait échappé, au profit de Patrick Bruel. Depuis, plus aucune nomination à la prestigieuse cérémonie. L'injustice sera réparée ce vendredi 12 février. Pour leur 31e édition, les Victoires de la musique ont décidé d'attribuer à l'interprète des Filles de l'Aurore une Victoire d'honneur pour couronner ses 40 ans de carrière.
L'occasion de revenir sur cinq moments forts de son parcours.
● Un premier titre qui le range du côté des « chanteurs amuseurs »
« Donnez-moi Madam' s'il vous plaît / Du ketchup pour mon hamburger / Donnez-moi Madam' s'il vous plaît / Du gazolin' pour mon shopper ». En 1975, William Sheller commence sa carrière avec Rock'n dollars, un tube parodique dans lequel le chanteur se moque gentiment des chansons françaises qui utilisent des mots anglophones. Un titre « écrit en cinq minutes » paru sur son premier album éponyme. Catalogué par Philippe Bouvard dans la catégorie « chanson idiote » de son émission Bouvard en liberté, elle a néanmoins permis à la carrière de William Sheller de décoller. Clairvoyant, il y chantait en effet: « Je serai votre pop star / Je serai votre king ». L'ironie du titre n'a cependant pas été comprise par tous : le morceau est devenu l'un des tubes de l'été au côté de L'Été indien de Joe Dassin.
● Un poète dans l'âme
Le « truc » de William Sheller, c'est pourtant la poésie, les bons mots, les textes finement ciselés et émouvants. Il lui faut du temps pour se détacher de sa première image. Mais il y parvient progressivement, en sortant des titres plus en phase avec sa personnalité. Le triomphe revient particulièrement avec Un Homme Heureux, son autre tube, en 1991. Un morceau beaucoup plus intimiste, dans une version voix-piano dépouillée et sensible. Une ballade sentimentale avec laquelle William Sheller regarde à nouveau son public dans les yeux, après avoir fui le monde médiatique.
● Un disque culte et prisé des collectionneurs
Quelques années auparavant, il a sorti un album dont l'aura n'a cessé de croître. Lux Aeterna, un projet pourtant à part dans sa discographie. Sorti en 1972, ce disque est une véritable messe symphonique imaginée par William Sheller pour le mariage d'un couple d'amis. Échec commercial à sa sortie (seulement 2000 exemplaires écoulés), il n'en est pas moins devenu culte, particulièrement au Japon. Sans doute parce que le musicien n'a jamais caché son goût pour la musique japonaise, en particulier sa musique impériale (sur Ailleurs notamment, en 1989). En Australie aussi, Lux Aeterna « s'est vendu piraté par paquets de 2000, de 5000 », décrivait encore William Sheller dans une interview pour Le Figaro. Au point que les rares exemplaires originaux s'arrachent à prix fort sur le marché. Heureusement, une version deluxe à un prix accessible est bientôt prévue.
● Parrain d'une jeune génération de chanteurs
William Sheller a tracé sa route en toute autonomie dans le paysage musical français. Véritable figure d'une certaine pop à la française, il a marqué par ses ballades piano-voix mais aussi avec ses projets iconoclastes. Au point d'ouvrir la voie à une autre génération d'artistes avec lesquels il a tissé des liens de parenté. Benjamin Biolay serait ainsi l'un de ses poulains. William Sheller l'apprécie beaucoup. Le musicien confesse également adorer Stromae et Christine and the Queens. Fort de son tube Un Homme heureux, Sheller a également ouvert la voie à des artistes comme Vincent Delerm qui ont basé leur carrière sur des performances piano-voix avec une grande attention apportée aux textes.
● Un dernier album qui a du style
40 ans de carrière et ce n'est pas terminé ! Si les créations de William Sheller se font un peu plus rares, elles n'ont pas disparu pour autant. Sept ans après Avatars, il a sorti en octobre Stylus, son treizième album studio. Un disque avec lequel il retrouve un certain dépouillement, en convoquant un piano et un quatuor à cordes. Un album duquel ressort un certain classicisme qui lui sied bien. Rien de tel pour marquer de son empreinte les Victoires de la musique 2016, qui vont enfin honorer le musicien pour l'ensemble de son parcours.