Un piano, un quatuor à cordes, de la fantaisie, des mots qui rêvent souvent à deux. Et sa voix. Après sept ans sans disque, Sheller nous refait plaisir.
C'est un voyage. Un vrai, qui commence loin d'ici. Youpylong (!) raconte un homme qui, ayant fait fortune, s'est acheté un jardin sur la lune, du côté que l'on ne voit pas… Un jardin des merveilles où l'on ne vit qu'à deux. Mais le jour se lève. Et c'est chacun pour soi… Faut-il réveiller le rêveur ?
Dans la deuxième chanson, il faut observer les étoiles, regarder l'horizon car, au-delà, quelqu'un vous aime… Oui, au-delà des illusions, il y a de bons moments. Alors, laissez couler les heures et guettez le rayon vert. L'amour revient dans un avion rouge et noir.
Baroque, classique et pop
Elles sont magnifiques les histoires de William Sheller. Pleines de fantaisie, d'emballement, de mélancolie aussi. Parfois, elles sont réalistes. Comme Les enfants du week-end, où un père séparé voudrait tant prolonger deux jours bien trop courts. Puisque c'est impossible, il faut se promettre ce qu'on a pas eu le temps de s'offrir…
Plus loin, apparaissent deux fables comme issues des temps anciens. Avec des souris noires aux yeux rouges, des princes aux robes d'or fleuri, des chevaux fantômes « au galop admirable » et des chemins introuvables qui s'ouvrent à la nuit.
Pour son 17e album, William Sheller craignait de manquer d'inspiration. Qu'il se rassure. Derrière son piano, accompagné d'un fidèle orchestre de chambre, il semble intarissable, toujours à cheval entre les styles (d'où Stylus), entre baroque, classique et pop.
Et s'il a passé sept ans sans sortir d'album, il continue inlassablement les concerts. Et glisse du blues à la fin de son disque, en morceau caché… « Comme quelque chose qui ressemblerait un peu/aux histoires qu'on aimait vivre à deux/avec pas grand-chose/Pourvu que ça dure un peu/Le temps d'une heure de ciel bleu… »
* William Sheller, Stylus, Mercury/Universal, 30 mn, 10 titres.
