Le gentleman pop français revient avec des cordes à son arc-en-ciel.
Onze plages, dont une cachée, deux instrumentales et deux reprises d'anciens titres. On pourrait avancer que Sheller a opté pour le minimum syndical, sept ans après l'opulent Avatars, mais comme il est question ici d'orfèvrerie fine et de dispositif méticuleux –un triangle piano-voix-quatuor à cordes–, on se résout à admettre que telle exigence n'a rien à devoir à la gloutonnerie de l'époque. Plus que jamais hors du temps, avec ces manières courtoises de peaufiner chaque phrase et de les enrubanner comme des offrandes précieuses et fragiles, l'homme (de moins en moins) heureux, nous épargne toute tentative de « faire moderne ».
Son classicisme n'est pas pour autant celui des princes emphatiques en gants blancs, mais bien celui d'un petit maître romantique détourné du pays des pingouins par les Beatles il y a presque cinquante ans. Son Youpylong, où il est question de « jardin des merveilles », se prélasse ainsi dans la même herbe tendre qu'Eleanor Rigby et que The fool on the hill. Et le reste baigne dans cette même douce résignation, cette élégance surannée, avec mention spéciale pour la nouvelle mouture de Comme je m'ennuie de toi (1975), qui prouve que le père inconnu de Sufjan Stevens ou Tobias Jesso Jr. est français, et approche les 70 printemps.
* Concerts le 8 et 9 décembre à Paris (Folies Bergère).