Nice-Matin
(édition Nice-littoral et Vallées)
25 octobre 2015

Après Avatars, Sheller ronronne
(par Laurent Amalric)


Stylus, 13e opus studio du Symphoman explore des sentiers balisés sans décevoir ni démériter. Au risque du prévisible.

Stylus
(Mercury/Universal),Trente minutes. Pas une de plus pour le retour tant attendu du « Beatles-Beethoven » français. C'est un peu maigre, mais c'est du Sheller alors inutile de bouder son plaisir de plonger dans l'univers stylé de Stylus, son treizième opus.

L'album
Symphonie, pop, rock, hard, trip-hop, chanson, piano-solo... Tout est cyclique chez Sheller. Après le très pop Avatars, sorti il y a sept ans, où Sheller apparaissait mi-homme mi-toutou en pochette, le voici qui ronronne avec un album propulsé par une formation piano-quatuor sur des rails.

L'avis
Comme sur son précédent album où il avait choisi une chanson entraînante en premier extrait (Tout ira bien), Sheller a mis en avant le guilleret Youpilong comme single sentinelle. Le titre est d'ailleurs livré en ouverture de Stylus pour lancer l'album dans un sourire : « J'en ai marre d'entendre Sheller, le gars qui chante Un homme heureux et joue des choses tristes au piano", nous confiait l'artiste lors d'une précédente interview. S'il reconnaît que cela n'a pas été « facile-facile » de faire retravailler « le muscle de l'inspiration », le musicien offre dix titres que l'on pourrait déjà qualifier de « classiques » tant ils combleront les « Shellerophiles ». A défaut de les surprendre... Car si l'on écoute « transi » Bus Stop, Les Enfants du week-end ou Les Souris noires, difficile de se sentir bousculés comme l'on a pu l'être avec les œuvres innovantes que furent Univers, Ailleurs, Albion, voire Les Machines absurdes. Les titres sont brefs. Pas de longues digressions orchestrales.
« Rester la nuit pour observer les étoiles, couché sur le dos dans le frais du gazon, ça suffirait parfois pour qu'au-delà des illusions on puisse se dire y'a de bons moments quand même.»

Une belle journée
Ici, Sheller économise même ses mots en plaçant deux instrumentaux (Sweet Piece et Intermezzo) et en jouant la carte du « remake ». Comme je m'ennuie de toi, chanson présente sur son premier album Rock'n'dollars, est en effet reprise quarante ans après en la nettoyant des tics 70's et des... « gros mots » ! En 2015, Sheller gomme le verbe « emmerder » au profit de « fatiguer » dans le couplet initial : « Ce n'est pas que mes amis m'abandonnent, mais je les emmerde au téléphone, à parler de toi. » Adorablement régressif, Walpurgis vient clore l'affaire sur des airs épiques, synthèse du meilleur des Nicolas et Ailleurs qui nous faisait déjà décoller durant les années quatre-vingt. Le silence revenu, déboule subitement un morceau caché dans une ambiance jazzy-blues poisseuse qui en dit long sur les ressources du Symphoman.

Le bonus
Les concerts qui doivent
suivre la sortie de Stylus. En espérant que l'annonce de l'annulation pour « raisons médicales » de sa prestation dimanche dernier avec l'Orchestre national de Belgique à l'auditorium de la Maison de La Radio n'engage pas la suite des évènements publics.