Sept ans qu'il n'avait pas enregistré. Sept ans, seulement ? On arriverait à en douter. Sheller se fait si discret depuis le tournant du siècle, enregistrant sans frénésie, désertant les plateaux de télé, qu'on avait presque fini par le croire en préretraite. Voilà de quoi remettre les pendules à son heure : il écrit et compose toujours, dans une absolue fidélité à son style. Piano et quatuor à cordes comme points d'appui. Ni sortie de route musicale, ni fantaisie inutile. La voix, bien sûr, est toujours douce et feutrée ; le répertoire continue de mêler, inextricablement, chanson, classique et pop – hormis une « plage fantôme », un étonnant blues. Les textes, en revanche, se montrent plus compréhensibles que sur certains albums passés – histoires d'absents et de présents (Petit Pimpon, Comme je m'ennuie de toi, au cousinage avec Véronique Sanson), ou de déchirements enfantins (Les Enfants du week-end). Sheller immuable. Tendre.
Incorrigiblement mélancolique, quoiqu'il s'en défende – même le bonheur, il le chante sans débordement. Deux instrumentaux se glissent dans son chant ouaté, comme des respirations ou des points de suspension, aussi insaisissables qu'un rêve fugace. Stylus est court : dix titres, trente-trois minutes. Un concentré artistique, en quelque sorte, sans fausse note.
* Un CD Mercury/Universal.