Le Bien public N°1510
21 mars 2014
- interview avant un concert avec quatuor à l'Ogive de Chevigny-St Sauveur le 27 mars 2014-

Côte d'Or/Entretien
William Sheller : « Plus intime et plus proche »


- « William Sheller, vous revenez aujourd’hui à une formule plus petite, piano-voix accompagné d’un quatuor à cordes. Pourquoi ? »

- « Le piano-quatuor est une formation que j’avais déjà utilisée avant de jouer en orchestre. Repassant à Bruxelles, j’ai revu les musiciens de l’Orchestre royal de Liège qui avaient joué avec moi sur deux tournées. Nostalgie aidant, l’envie de remonter la formule piano-quatuor nous est venue. Ça change bien la vision des chansons et je me sens plus proche des gens qui sont venus nous écouter. »

- «  À quel type de concert les spectateurs de l’Ogive vont-ils assister le 27 mars ? »
-
« L’intérêt que j’y trouve est que, contrairement à un orchestre qui projette un spectacle dans la salle, c’est un ensemble plus intime et plus proche qui fait entrer la salle sur scène, comme chez soi. Ce seront aussi d’anciennes chansons et des choses plus récentes écrites depuis ma dernière venue. »

- « Depuis quelques années, les chanteurs de variété, pop ou rock, s’entourent quasiment tous d’un orchestre symphonique. Ça vous paraît un peu dépassé comme concept ou, au contraire, ça vous fait plaisir de voir que tout le monde fait comme vous ? »
« C’est bien, les clivages s’estompent. Tant que ce n’est pas simplement pour faire comme les autres et que c’est bien fait. Il y a aussi le bonheur d’interpréter une chanson avec "la musique du film" derrière soi. C’est difficile à réaliser. Si un groupe a déjà tout rempli avec ses instruments au départ, ce qui est normal, ajouter du symphonique par-dessus peut avoir de grandes lourdeurs. »

- « Suivre en 1973 le conseil de Barbara, "Tu devrais chanter", fut une excellente idée ! Avez-vous toujours besoin d'être guidé, conforté dans vos choix ? »
- « Oh, plus maintenant d’être guidé. En plus, je suis têtu. Mais conforté, oui. Jamais je ne demande, ou très rarement. Je le sens vite aux réactions. »

- « En quoi transmettre à des élèves est-il important à vos yeux ? »

- « Cela vient sans doute de mon grand père compagnon charpentier, le savoir, la transmission. J’ai moi-même été formé par un maître, élève de Gabriel Fauré, Yves Margat. Ça laisse des traces, et puis c’est un besoin à un certain moment. Mais j’ai peu des temps à y consacrer. »

- « Vous avez beaucoup collaboré avec Thierry Caens. Comment est-il dans le travail ? »

- « Comme dans la vie, tout simple. Quand il a découvert la partition du concerto que j’ai écrit pour lui j’étais étonné de voir comme il se jouait des choses dont je craignais la difficulté. Nous avons quand même trouvé des passages un peu ardus que l’on a négociés, tout cela dans la bonne humeur bien sûr. »

- «  De Caens à Damien Saez, vous semblez apprécier les talents bourguignons. Et comment nos produits du terroir vous inspirent-ils ? »

- « Pour ce qui est de ces deux-là, ce sont eux, en fait, qui mʼont approché. Oui, ce sont des talents généreux. Les produits du terroir m’inspirent surtout de la tentation. Je suis un ancien "gros", un vrai, et la nourriture est une angoisse à chaque fois. Je "régime" régulièrement et les tournées sont fatales. En Bourgogne, je me suis laissé aller plusieurs fois. Oh, le persillé, la potée ! Parlons d’autre chose. »

- « Il apparaît dans votre biographie que les douaniers belges ont joué, en 1984, un rôle déterminant dans votre carrière. Comment est-ce possible ? »

- « Passage en douane des musiciens sans un document obligatoire détaillant chaque élément technique contenu dans le camion ; "rébellion" idiote du bassiste ; énervement des douaniers. On ne passe pas ! Je jouais en direct le soir même sur la RTB pour un grand concours de chanson française. Un concert entier. J’ai vu arriver un peu tard mes musiciens les mains dans les poches, le camion bloqué à la frontière. J’ai proposé au final de jouer seul au piano, j’avais un trac infernal, mais il s’est passé vraiment autre chose. Effectivement, j’ai senti que je devais prendre cette direction et évoluer autour. »

- « Quelle chanson et quelle œuvre classique, dont vous n’êtes pas l’auteur, rêveriez-vous d’avoir écrites ? »

- « Le Sacre du printemps, c’est sûr. Pour une chanson, c’est difficile. J’ai toujours aimé une vieille chanson des Beach Boys, God only knows, par exemple, mais il y en a d’autres plus récentes. »