S’il a fallu patienter quelques mois pour enfin voir (ou revoir) le chanteur après l’annulation du concert de mai, les fans ne lui en ont pas tenu rigueur. Le final chaleureux a conclu une belle soirée, bien loin des lumières et des paillettes de certains shows, mais on ne s’en plaindra pas…
S’il se fait rare, il est difficile d’oublier William Sheller. On a tous dans la tête un de ses airs. De retour à Ainterexpo, mardi, après quelques années, il se pose sur scène tout « simplement », juste accompagné du quatuor Stevens, pour rehausser encore sa musique d’une superbe touche symphonique, comme s’il en était besoin.
Il chante de sa voix toujours posée, toujours juste, quoi que, car une arrivée en Bresse plutôt frisquette lui a causé des tracas dans la gorge ! Qu’importe, il s’arrête, en plaisante, puis repart. Il oublie une chanson, s’en rend compte mais reprend le fil.
Il chante. Il parle entre chaque morceau. Il raconte la genèse du texte ou de la mélodie à venir. Un rêve, un cauchemar, une rencontre, mais jamais un de ces trucs prohibés qui feraient venir l’inspiration. Il s’inquiète de la distance entre les premiers fauteuils du public et la scène, mais loue la qualité sonore de l’endroit : « Pas comme il y a deux jours, un enfer », confie-t-il. Il parle de la relation à son piano, pas toujours juste, un peu vieillot « comme lui », mais tellement intime. Il autorise un entracte, pour souffler « pour vous, pour moi, pour mes musiciens ».
Tous les succès de trente-sept années de carrière y passent : les poireaux d’Yvonne ont inspiré Nicolas, la sorcière Babayaga le moins connu Cuir de Russie. Il n’en finit pas de courir tout seul avant un bel hommage à une grande dame, Barbara, et le magnifique Vienne qu’on ne peut se lasser d’écouter. Il laisse aussi la vedette à son quatuor pour quelques morceaux de toute beauté. Pepperland, Les Orgueilleuses, Les filles de l’aurore rappellent quelques issues de nuits agitées.
Par magie, l’espace devant la scène s’est rempli. Les fans sont là, à le toucher presque. C’est vraiment « Un homme heureux ».
« Je ne pouvais pas ne pas vous la faire, celle-là ! » Oh non, M.Sheller, juste avant s’il vous plaît de refermer « Le carnet à spirale » sur « un (très) vieux rock’n’roll ». Inoubliable pour un Shellerophille… (Oui, il existe même un site !)