D’où viennent les chansons ? Vaste question à laquelle les artistes rechignent à répondre...Pas de cela chez William Sheller qui, en la matière, demeure intarissable. L’évoquer semble même avoir bâti le socle de son nouveau concert piano solo donné dans un Pasino tout entier acquis à sa cause. « C’est le vendredi13. Jour de chance, a-t-il lancé d’emblée. Ça tombe bien, j’avais envie de chanter ce soir. »
Et de se lancer dans un récital intimiste où chaque titre est présenté avec une anecdote concernant l’inspiration de son écriture. Il y a ainsi mille histoires qui, bout à bout, dessinent les contours du monde poétique de William Sheller, artiste hors du temps et loin des modes, artiste haut de gamme.
C’est drôle d’ailleurs de voir qu’un chef-d’œuvre comme Nicolas (reprise trois fois l’artiste ayant eu un trou !), doit son existence au séjour, un soir du petit William chez la vieille voisine Yvonne.
Il y eut aussi l’évocation des cris d’un enfant pendant la sieste de Sheller qui lui fit écrire Maman est folle. L’artiste a également rendu hommage à Barbara (qui l’encouragea à chanter) avec une reprise de Vienne. Pianiste virtuose au toucher d’un interprète classique, William Sheller est également un auteur-compositeur romantique et à l’inspiration d’écriture rappelant Proust.
Souvenirs d’enfance, évocation des bruits, des odeurs, et des images suscités par la traversée des lieux, faisant de ce concert une sorte de Madeleine à la mode clavier bien tempéré. C’est poétique, subtil, et exigeant. Parfois plus intellectuel qu’émouvant, mais c’est toujours d’une rare profondeur artistique. 
