Le Journal de La Haute-Marne N°6342
6 novembre 2011
-concert piano-solo du 5-11-2011 à la salle Jean Favre de Langres-

Concert
Le talent à l'état brut
(par Jean-Claude Catherinet)


Seul derrière son piano, sans artifice, en toute simplicité, William Sheller a posé ses notes et sa voix sur le plateau lingon. Pour le plus grand plaisir d’un public admiratif.


Samedi soir, à l’invitation du service culturel, la salle Jean Favre avait une fois de plus fait le plein. Plusieurs générations confondues, des spectateurs bien souvent venus en famille ou entre amis : tous attendaient sagement l’apparition d’un personnage devenu intemporel. Mais quand soudain, derrière le magnifique piano trônant au milieu de l’immense scène, a pris place William Sheller, la tension s’est libérée.C’était parti pour un périple, en deux parties, un voyage dans un univers où les mots sont rois, où les mélodies coulent toutes seules, où le plaisir s’intensifie au fil des minutes.
Il faut dire que l’artiste, habituellement entouré de moult musiciens, propose actuellement un spectacle beaucoup plus dénudé et intimiste. De cette façon, il semble vouloir s’adresser individuellement à chaque spectateur. A tel point que quelquefois, lors de relâchement, il le tutoie ! Chacun a ainsi l’impression d’être dans une bulle… avec la seule présence de William Sheller. Une sensation qui se renforce encore entre chaque morceau.

« N’oublie pas qu’on est deux… »

Car le chanteur ne propose pas, de manière abrupte, ses compositions et ses textes. De ses origines, de sa vie, de ses rencontres, il parle avec pudeur, avec une sincérité teintée d’humour. Des instants qui sont autant de sources d’inspirations. Alors il prend le temps (parfois un peu trop…), de les expliquer, d’en donner la genèse, de dévoiler le petit déclic qui, un jour, lui ont permis de coucher sur le papier des moments de bonheur devenus incontournables.
Qui n’a jamais fredonné Le Cahier à spirale, Les Filles de l’aurore, Comme dans un vieux rock’n’roll, Nicolas, Chanson d’automne (« N’oublie pas qu’on est deux ») ou la reprise de Vienne (de son amie Barbara, dont il a dévoilé d’ailleurs une partie du caractère) ? Le public était aux anges, mais néanmoins un peu frustré. « Enfin, vous ne pensiez tout de même pas que j’allais vous quitter sans vous la faire ! » Après avoir ironisé sur certaines versions entendues au hasard des chemins, William Sheller a entonné Un homme heureux. Religieusement, comme parcourue par un énorme frisson, la salle a savouré pleinement cet instant unique, buvant chacune des paroles, goûtant chacune des notes d’un morceau d’anthologie de la chanson française.
Ainsi samedi, en terre lingonne, l’artiste au déjà long parcours, courtisé par toutes les facettes du monde musical (du rock des Irrésistibles au classique du Dijonnais Thierry Caens, sans oublier le cinéma), a fait des gens heureux, plus 500 « gens heureux ». Et en ces périodes, ça fait du bien, énormément de bien…