L'Alsace N°1006
(éd.de Mulhouse)
6 octobre 2011

-concert piano-solo le 4-10-2011 au Théâtre de la Sinne de Mulhouse-

Musique
William Sheller en solo et dans l'intimité
(par Jean-Marie Valder)

 

C'est à une histoire de complicité que le public a été convié mardi soir dans le cadre feutré du Théâtre de La Sinne à Mulhouse avec un rendez-vous en tête-à-tête avec William Sheller.

Quel artiste aujourd’hui est capable, durant deux heures, de faire oublier à certains spectateurs l’inconfort des fauteuils du troisième balcon du théâtre, le manque de visibilité de la scène à travers la balustrade, les jambes qui s’ankylosent et les genoux délicatement coincés dans le dos de votre voisine ? Il n’y en a qu’un : William Sheller.

Et pourtant on ne peut pas dire à son avantage qu’il ait en cette soirée solo avec son piano mobilisé les grandes orgues. À l’heure où, pour des raisons budgétaires, certains s’offrent des artistes en acoustique, il faut avoir un certain talent pour mobiliser l’attention d’un public sur un homme seul avec un instrument, surtout quand l’artiste parle autant qu’il chante.

Là encore, un seul nom, William Sheller, petit homme fluet, mais grand talent aux allures éternelles de clergyman qui, loin de vouloir vous écouter à confesse, va durant toute la soirée avouer ses fautes, ses peines, ses joies et ses souvenirs en paroles et en chansons.

Car William Sheller, en couple avec un piano dont il caresse les touches et les formes avec autant d’amour que si c’était une jeune et jolie femme, a pris le parti de l’intimité. Un cadre dans lequel le public — y compris les fans les plus bruyants — s’introduit avec bonheur.
Une soirée sans ennui, glissant sur du velours malgré certains souvenirs plus lourds que d’autres. Dans ce retour sur le passé très présent et plus que parfait, Sheller a joué quelque peu à l’égoïste en se choisissant les chansons qui étaient pour lui les plus évocatrices de souvenirs. L’occasion de retrouver entre deux succès quelques perles rares de Genève à Félix et moi en passant par Les machines absurdes ou un clin d’œil complice à la belle dame brune qui lui disait « Toi, tu es un diseur ».

Sans oublier les tubes

Mais conscient que Sheller, c’est aussi des tubes, il avoue en final « Je ne saurais pas vous quitter sans vous la faire » et, en chœur, le public comme un seul homme rejoint le chanteur solitaire pour fredonner Un homme heureux, Le cahier à spirale ou Comme dans un bon vieux rock’n’roll.

Confidence pour confidence, c’était une belle soirée, de belles chansons, mais que d’histoires…