Face à un auditoire conquis, William Sheller a repris en piano voix textes les plus intimes et titres les plus fameux.
Un timbre bien à lui, indéfinissable, que l’on soupçonne façonné aux sons des groupes anglo-saxons des années 60. De minces cheveux rabattus en arrière, un visage sans fard rehaussé de fines lunettes de vue. Voilà William Sheller, artiste en toute sobriété, cerclé d’un faisceau lumineux.
Un souvenir
Ses chansons sont amenées par des anecdotes, un souvenir, une émotion non guérie. En entamant Les Filles de l’Aurore, il conte ses fins de soirée à l’aube où l’envie d’écrire prend le pas sur la fatigue. Pour amener Maman est Folle, l’artiste livre le souvenir d’une sieste interrompue par un « mouflet » surexcité. Dans Vienne, il rappelle son amitié avec Barbara et l’audace qu’il a eu d’interpréter un de ses textes. Façon Dame en Noire, il n’est que lui, vêtu d’une large chemise ébène. Chaque mot de ses histoires se trouve ponctué de notes. Le concert se déroule ainsi, sur le ton voulu de la confidence, balançant entre humour et nostalgie. Usant de l’autodérision, l’artiste raconte les premiers pas vers la création lorsque lui-même se laisse glisser à de délicieux plagiats. « C’est joli ça, mais je connais. C’est pas un vieux Polnareff qui remonte ? » se questionne-t-il.
L’artiste dépeint ainsi les affres du quotidien sur des titres courts. Avec une prestation cousue de saynètes chantées, à 64 ans, William Sheller a partagé son talent avec simplicité.