« Bonsoir, ben voilà, cela fait un moment que je me promène avec un piano tout seul. D’autres fois, je suis avec des musiciens ». William Sheller s’installe face au clavier, sur une scène dénudée, et parle, comme pour donner le « la » d’une soirée où ce conteur se livre longuement avant de chanter. « Je raconte souvent des histoires que je connais, des choses que je vois, je voyage avec mon piano, et tous les deux, on court tout seuls », confie-t-il.
Chanteur atypique
Arrive le premier d’une bonne quinzaine de titres, justement appelé Je cours tout seul. William Sheller loquace, affiche ses 64 ans et cache bien ses influences mêlant classique et jazz américain, avec des mélodies ciselées avec maestria. « C’est la première fois que je joue ici, pourtant je me sens bien dans cette région, ma grand-mère était originaire de Sarrebourg », poursuit l’artiste, réfugié dans un village de Sologne, là où la forêt sans âge et les marais ont inspiré une de ses chansons.
Le souvenir de Barbara
Sheller salue un public calme et conquis avec les mains jointes à la manière orientale. Il conte son enfance, ses origines américaines et ses sujets d’inspiration, qui vont de la ville de Genève un jour d’ennui, à la vue de son hôtel en passant par le cri des enfants, comme si tout ce qui se passe autour de lui avait un fond de poésie cachée. « Dans chaque théâtre, il y a un piano différent et c’est parfois un instrument de bonne humeur », dit-il, ce qui était visiblement le cas à Sarreguemines mardi soir. L’homme parle de sa rencontre avec la chanteuse Barbara, dont il fut l’arrangeur : « Quand une dame claque son poudrier pour vous ordonner de chanter, on ne peut pas dire non », avoue la vedette d’un soir, confiant que Barbara l’a incité à pousser de la voix. William Sheller, à la fois discret et avide de contacts, a été rappelé trois fois, parlant avec les mains toujours jointes, non sans avoir interprété ses plus célèbres standards, tels Dans un vieux rock’n’roll et Le Cahier à spirale.