Barbara affirmait qu’il était un « diseur ». Elle avait raison et aujourd’hui, William Sheller assume cette étiquette. Entre deux chansons, il parle, explique, se raconte, prend plaisir à faire réagir le public. Pour cette saison, s’il se pépare à aller de ville en ville, il a choisi à Paris d’enchaîner les salles -une par soir-. Des lieux marqués par leur histoire et leur image de marque. Sheller passe de la place de la Concorde, où il se produit devant 80 happy few, à l’hôtel de Crillon, au quartier Pigalle, devant les 860 spectateurs de La Cigale ; du musée Grévin, sur les Grands Boulevards, à la salle Gaveau, temple de la musique classique. Avec un grand écart qui se retrouve aussi dans les prix des places : de 28 à 266 € selon l’endroit ! Sheller voit large, et c’est bien en effet l’éclectisme qui le caractérise. Il est un puriste qui aime l’excellence et se veut aussi un inlassable défricheur. Nous l’avons vu dans l’impressionnant salon Opéra du Grand Hôtel, où les ors du décor le disputent au flamboyant. Un salon qui, resté éclairé tout au long du concert, donnait une tonalité particulière au rapport entrre l’artiste et ses spectateurs. « Je vous vois », dit-il, heureux de ce moment de convivialité. Deux heures durant, il se promène de chanson en chanson, donnant des détails sur des instants de sa vie que l’on pourrait résumer ainsi : la sieste et le mouflet, morne Genève, l’air de l’infidèle, rêverie dans l’herbe, Madame Butterfly côté capitaine... Quelques paroles amoureuses aussi : « Je serais heureux de te voir vivre ». Et le fameux « Tous les goûts sont dans ma nature » de Dutronc, qui devient chez lui « Tous les goûts sont dans la culture ». Les orchestrations sont pudiques, subtiles, les notes parfois désuètes se transforment soudain en accords puissants. Vocalement pas toujours très juste, il compense par sa formidable maîtrise musicale. Et le public, très sélect, de saluer chaleureusement cet « homme heureux » qui « court toujours tout seul ».
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Poursuite de la tournée à partir de mars prochain.
