La Commanderie sera pleine comme un œuf mardi pour le concert en solitaire de William Sheller.
« Scènes du Jura » a dû adapter la salle dôloise en « grande jauge » tant les réservations sont allées bon train pour le concert de William Sheller programmée mardi. Et même ainsi, toutes les places de la plus grande salle de concert du département ont trouvé preneur… Alors non, inutile de vous présenter au guichet si vous n'avez pas eu la précaution de réserver !
C'est presque une surprise, tant l'actualité shellerienne n'est pas brûlante (son dernier album, Avatars, date de 2008). Mais l'auteur-compositeur a accompli ce qu'on peut appeler une œuvre. Et à 64 ans, il se relance le défi d'une tournée en solitaire.
La dernière fois qu'il est passé par ici, c'était en 2001, juste après la sortie des Machines absurdes au théâtre de Lons (Juraparc avait été prévu, mais les locations insuffisantes pour un tel lieu ont fait se replier le concert au théâtre, pour la plus grande satisfaction des spectateurs comme de l'artiste) (1). Et il était accompagné d'un orchestre de dix-neuf musiciens, cordes, cuivres, bois et groupe électrique. À Dôle, il se présentera dans le plus simple appareil, seul au grand piano. Il faut dire que l'homme aime les contrastes, a horreur de se répéter et que ses prestations scéniques oscillent entre le foisonnement instrumental (et les arrangements grandioses), les expériences inédites (avec un quatuor à cordes) et la plus grande épure, avec son seul piano et sa voix.
Lors d'une tournée en 1982, son groupe avait été retenu lors d'un contrôle douanier et Sheller avait dû assurer le concert seul au piano. Il a suffisamment aimé l'expérience (qui offre spontanéité dans le choix des morceaux comme dans l'interprétation et permet un inégalable rapport intime au public) pour la renouveler, sciemment cette fois-ci. Et son album live, Sheller en solitaire, en 1991, d'où est extrait son plus grand succès, Un homme heureux, fera un vrai carton auprès du public.
Si William Sheller n'est pas hyperproductif (à peine douze albums studio en quarante ans de carrière), il a accompli ce qu'on peut appeler une œuvre. Et s'il a « commis » des albums de variété pop entre 75 et 80 (où l'on trouve quand même de vrais « hits » pas honteux comme Le carnet à spirale ou Oh ! j'cours tout seul), l'exigence musicale dont il fit preuve par la suite force le respect, et lui a permis de fédérer un public très fidèle. Le mix de musique baroque et de pop beatlesienne de William Sheller lui a assuré une place unique dans le paysage de la chanson, de la musique française.
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Notes du site :
1) William Sheller est passé au théâtre de Lons-Le-Saunier le 25 novembre 2000.