Seul. Sans afféterie ni béquille. Juste un piano, son plus fidèle allié, son complice désirable dans l'intimité. Et un halo de lumière pour l'éclairer.
William Sheller, c'est une référence. Une évidence même. Le sentiment euphorisant de retrouver un vieux compagnon de route. Il n'y a pas d'incohérence chez lui. L'homme vient sur scène avec son âge, son visage de professeur de mathématiques, son allure, ses saluts bouddhistes.
Rien ne semble l'atteindre si ce n'est une curieuse fixation pour les photos.
Dès l'introductif Symphoman, son « personnage mascotte », William Sheller avance serein. À l'ancienne. Un classicisme dépouillé. Il n'excitera sans doute jamais les thuriféraires de la branchitude, ce qui n'est pas bien grave. Plus diseur que chanteur, mélodiste hors pair, William Sheller présente chaque titre par une anecdote, une histoire délicieuse. Il jouit d'un public qui possède une vraie capacité d'écoute, sachant savourer aussi à sa juste valeur des pépites telles que Simplement, Ho ! je cours tout seul, Les machines absurdes.
Ses chansons fonctionnent à l'humeur ou dans les recoins personnels de son inspiration. Songeuses ou éveillées. Pudiques mais précises dans les mots. Même quand on les connaît par cœur, elles nous reviennent aussi fortes qu'hier, dans leur impériale quintessence. Des classiques absolus (Les filles de l'aurore, Un homme heureux, Dans un vieux rock'n'roll, Le carnet à spirales...) et des morceaux plus inattendus comme Félix et moi ou Vienne de Barbara dont il donne ici une version magistrale.
Un voyage sensoriel qui ne vous lâche pas.