La Voix du Nord N°20398
(édition de Dunkerque)
1er novembre 2009
-concert piano-solo au Palais du littoral de Grande-Synthe le 30 octobre 2009-

Grande-Synthe
William Sheller en concert : une leçon de piano et d'humanité



Par quel miracle naît une chanson ? William Sheller a répondu de la plus belle… des manières au public rassemblé, vendredi soir, au Palais du littoral : en laissant parler son cœur, puisant dans ses souvenirs de jeunesse.

Un homme : William Sheller. Un instrument : le piano. Une couleur : le noir.  Autant dire le dépouillement absolu, l’oubli du moindre artifice, l’essence même de l’artiste sur scène. Rien à cacher, tout à donner. Pendant deux heures, le chanteur et musicien se livre aux 450 spectateurs comme on se confie à des amis.
 
A 63 ans, les souvenirs ne manquent pas chez ce Parisien de l’après-guerre « né d’un papa américain et d’une maman française ». Il parle de sa répugnance pour les poireaux : l’odeur de cuisson emplissait l’appartement d’une certaine « Yvonne » à laquelle ses parents le confiaient quand ils sortaient. Une fois mise en musique, cette aversion alimentaire donne Nicolas, un texte empli de nostalgie. Une chaude journée d’été passée à Genève - son lac, ses banques, ses façades en béton- lui inspire ces vers : « Juste un concert au bord de l’île Rousseau / Et au hasard de se voir à nouveau / Tu viens vers moi et tu me dis bonjour / Le temps sur Genève est bien lourd… » L’attrait qu’il porte à la littérature du XIXe siècle, en particulier à George Sand, le pousse à écrire Les miroirs dans la boue (« Dans l’orage d’une forêt sans âge / Aux abords du Poitou / A l’automne où je vivais chez vous / J’ai vu le visage d’une enfant sauvage »)

A chaque fois, William Sheller illustre ses impressions par quelques notes jetées sur le clavier, des petits riens qu’il commente avec humour et qui finissent par donner de superbes morceaux. Il ne parle jamais de talent, encore moins de génie. C’est juste un homme à l’écoute de son cœur d’enfant.