La Tribune d'Orléans N°98
6 au 12 novembre 2008

Portrait
William Sheller : le chanteur-compositeur
vit à Jouy-le-Potier et cultive l'art d'être grand-père

(par Gaëla Messerli)




Peu de gens le savent mais le chanteur et compositeur William Sheller vit non loin d’Orléans depuis 2001. « Mon fils venait d’avoir un petit garçon, explique William Sheller. Orléans était à cinquante minutes de Paris où rien ne les obligeait à rester. Ils sont donc venus s’installer à la Source dans une des maisons américaines. A force de venir les voir le week-end et de ne pas sortir de mon appartement parisien, je leur ai demandé de me chercher une maison. » C’est ainsi que William Sheller, 62 ans, de son vrai nom Hand, s’est installé à Jouy-le-Potier. Fils d’un Américain et d’une Française, l’artiste est tombé dans la musique très jeune. Avec un père qui côtoie les plus grands musiciens de jazz américains, William vit quelques temps aux Etats-Unis, jusqu’à la séparation de ses parents. Dans pareil environnement, pourquoi ne pas avoir repris le flambeau du jazz ? C’est sans compter le souvenir lié à cette musique. « Mon père et ses amis n’avaient pas de patience avec un enfant qui bougeait. C’était : "Reste assis et tais-toi". », commente celui qui confesse aimer Miles Davis. De plus, jouer avec des musiciens noirs était mal vu à cette époque. « Je me souviens de ma mère cueillant des pissenlits et des voisins disant qu’il n’y a que les Français et les nègres pour manger cela ! »
Au final, c’est en France que William Sheller est élevé par sa grand-mère, ouvreuse au théâtre des Champs-Elysées, et son grand-père, chef décorateur à l’Opéra Garnier. « J’y ai tout vu et j’y ai même été contrôleur ». Très jeune, il sait qu’il veut devenir musicien et ses grands-parents l’encouragent en lui trouvant un maître de musique, Yves Margat. Cet ancien élève de Gabriel Fauré sera pour lui bien plus qu’un enseignant, lui apprenant le latin et l’emmenant en vacances avec lui. William quittera son maître pour un groupe de rock, The Worst, en 1966. « J’étais destiné au prix de Rome lorsque les Beatles sont arrivés en France », explique le compositeur. Il devient ainsi Sheller. La contraction entre Schiller et Shelley, deux romantiques qu’il affectionne, mais aussi un nom en quatre syllabes aux sonorités plus faciles à prononcer. Depuis l’artiste a découvert sur Internet que ce nom existait déjà…et désignait une sorte de casse-noix. Encore une coïncidence dans la vie de ce musicien, qui s’est mis à chanter grâce à Barbara en 1973. « Elle me disait : "Tu es comme moi, un diseur". » Bientôt, William s’essaie au piano-voix à cause d’un chargement d’instruments gardé à la douane. Et c’est lors d’une tournée que ses musiciens, las de jouer les mêmes morceaux, le poussent à achever ce qui deviendra un tube : Un homme heureux. « C’est bien d’avoir un morceau que l’on place sur le même plan que Le Sud, de Nino Ferrer, mais c’est lourd à la longue », confie-t-il quand même. D’où l’envie de laisser de côté le piano-voix avec Avatars, son tout nouvel album et qui fait la part belle à l’orchestration, rappelant les Pink Floyd ou les Beatles. « C’est mon époque, je ne vais pas faire du rap tout de même ! »
Pour cet avatar-là, le chanteur a arrêté ses tournées en 2006. En plus d’écrire des partitions pour orchestre et en attendant une tournée qui ne se fera pas avant 2010, le compositeur-chanteur se consacre à ses petits-enfants qu’il va chercher à l’école à Olivet. Une manière de rattraper le temps qu’il n’a pu avoir avec Siegfried et Johanna, ses deux enfants. Côté amours, William Sheller se dit placé sous le signe de la solitude, comme l’était son amie Barbara. Mais pour ses petits-enfants, le maestro arrête tout. On a pu le voir lors de différents évènements culturels de la région, telles les chorales d’enfants qui se sont produites au Zénith ou à Sully, lors de la présentation d’une de ses compositions. Alors qui sait, peut-être croiserez-vous ce grand solitaire du côté de Jouy-le-Potier…