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Marianne N°547
13 au 19 octobre 2007

Etonnant
Les sanglots longs des violons de Sheller
(par Olivier Maison)

 

Un nouveau disque de William Sheller, ce n’est ni tout à fait le même ni tout à fait un autre ; ce sont juste des titres pénétrants. Le Quatuor Stevens Live est un paradoxe : car jouer à cinq dans un quatuor, c’est comme jouer en solitaire des titres habillés pour un orchestre. Mais Sheller n’est pas à cela près ! L’album Sheller en solitaire avait été le fruit du hasard : une douane tatillonne avait bloqué son orchestre à la frontière. Sheller avait alors adapté ses chansons pour les jouer seul devant un public conquis. Ce Quatuor Stevens live s’inscrit dans cette veine de dépouillement qui habille finalement si bien les titres de Sheller. Les sanglots longs et monotones des violons font tournoyer dans le vent davantage encore de ces titres qui ont la couleur de l’automne : Des Mots qui viennent tout bas à Je veux être un homme heureux. Rien que des classiques accompagnés par des musiciens venus du classique. Et, outre encore l’envie de tromper l’attente jusqu’au printemps puisque Sheller reviendra alors avec de nouveaux titres, c’est surtout le plaisir de se laisser encore surprendre par ce musicien de formation classique dont les mots résonnent d’une mélancolique modernité.

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Quatuor Stevens live, de William Sheller. Mercury.