Le Journal de Saône-et-Loire
14 janvier 2007
-Concert du 13 janvier 2007 au Théâtre de l'Arc du Creusot-

Hier soir au Creusot
Histoires de chansons par William Sheller


Une dizaine d'années s'est écoulée depuis le dernier passage de William Sheller au Creusot. Pour son spectacle intitulé "Piano Solo", le "symphoman" délaisse pour un temps "l'artillerie lourde" des orchestres symphoniques de soixante-dix musiciens, les comédies musicales et les quatuors pour une forme plus simple : un piano et une voix.
C'est donc seul, assis face au piano comme face à un être quasi humain qu'il faut apprivoiser, que le compositeur d'Un homme heureux s'est présenté au public creusotin venu en masse ce samedi soir. Est-ce la légèreté de la forme ? Est-ce la simplicité discrète de l'homme ? On ne saurait dire exactement ce qui procure cette ambiance apaisée et intime qui s'est imposée dès les premières notes du concert qui résonnent "comme des cloches dans le lointain".
Comme lors d'une soirée au coin du feu, à mi-chemin entre les contes de grands-parents et les avancées de chercheur en laboratoire, William Sheller invite ses auditeurs au cœur de ses souvenirs de création. C'est alors que le spectateur devient témoin de la naissance d'une chanson, de son accomplissement et de sa vie. Comment la mélodie naît d'un bruit agaçant de réveil, comment le texte émerge d'un souvenir, d'une odeur. Voilà ce qu'est venu raconter le compositeur. Ses souvenirs teintés de pluie, de solitude, d'amour qui donnent naissance à des morceaux que le public fredonne avec lui. Et toujours cette douce et surprenante alchimie entre les genres classique et rock. Comme si l'élève de conservatoire qu'il était à seize ans avait grandi en emportant dans ses portées, le souvenir déterminant de la chanson Help des Beatles.
Et puis pour "assurer la succession", le musicien a prêté la scène à un jeune pianiste et chanteur mâconnais le temps de trois chansons.
"La musique, c'est l'art de décorer le silence" et pour William Sheller, les ornements sont toujours, après vingt-cinq ans de carrière, travaillés, intelligents, simples et évidents. L'"homme heureux" aux deux victoires de la musique, revenu sur les terres de sa mère bourguignonne surprend encore et toujours au fil de ses aventures musicales.