Seul à son piano
noir, hier soir, à l'espace Chaudeau, à Ludres...
«Piano
solo», titre du spectacle, comme une annonce au public, presqu'un avertissement.
William Sheller est seul en scène derrière son piano, alternant
ses chansons, les interprétant comme il les a écrites, chez lui,
seul derrière le piano, sans le secours d'un système musical sur
ordinateur.
Piano veut aussi dire doucement, sur les pages de musique.
Piano veut dire que William Sheller noue un contact particulier avec le public.
Peut-être de l'ordre de l'intime. Comme lors d'une veillée au coin
du feu. Près de l'instrument à touches blanches et noires. Un désir
qui explique probablement son refus de laisser les photographes de presse prendre
quelques clichés, même en début de spectacle. Pour ne pas
troubler le récital.
Il faut se contenter du moment des réglages
techniques, dans l'après-midi, quelques heures avant l'arrivée des
gens. William Sheller exigeant, précis, à l'écoute du son
produit, ne négligeant aucun détail, devant le Steinway à
queue de l'espace Chaudeau, à Ludres.
C'est sa marque, l'exigence.
C'est ce qui l'a amené à plaquer le showbiz, le business, à
la fin des années 70, lui qui a étudié Stravinsky pendant
des centaines d'heures, dans sa jeunesse, s'est échiné à
maîtriser le solfège jusqu'à en avoir mal au crâne,
avec pour maître un élève de Gabriel Fauré, compositeur
et théoricien de l'harmonie, qui lui a appris le piano, l'harmonie, la
fugue, le contrepoint, l'orchestration, et même le latin.
Puis
ce fut la rencontre avec Barbara, en 1973. Collaboration fructueuse. «Tu
devrais chanter», lui dit-elle enfin. William Sheller entre dans le
showbiz et déteste. Il finit par faire ce qu'il aime, commençant
une autre vie en 1979 avec des titres comme Nicolas, ou Oh !
J'cours tout seul.
«La pluie fait des miroirs dans la
boue - Je t'ai cherché partout». Le chanteur aime la poésie
de la vie. Histoires simples, souvent un peu tristes, empreintes de nostalgie,
racontant des moments de solitude.
Mais une solitude partagée. Avec
son public.