Il ne court plus tout seul,
William Sheller, contrairement à sa chanson. Certes, en solo avec son piano,
le chanteur a passé en revue toute sa carrière, des Filles
de l'aurore à Fier et fou de vous. Mais pour l'occasion, le
centre Athéna affichait complet, vendredi soir. William Sheller, «un
homme heureux» et plein d'humour que beaucoup ne lui connaissaient pas.
Sommet de la programmation du centre culturel Athéna
pour l'année 2006, le concert en solo de William Sheller n'a pas déçu
! Deux heures durant, William Sheller a invité les 700 spectateurs réunis
dans la salle à «un voyage dans un piano». L'artiste semble
apprécier la Bretagne, et l'exprime à sa façon: «Un
ami breton m'a confié adorer mes chansons car il a l'impression qu'il y
pleut tout le temps...» Le public feint la huée, mais lorsque
les notes s'échappent de nouveau du piano, les vexations se taisent.
Il
n'y a pas que la Star Ac’
Le pianiste évoque
ses souvenirs et explique l'origine souvent burlesque de ses chansons. Ainsi,
les paroles de la chanson Nicolas lui ont été inspirées
«par ma voisine bretonne, à Paris, qui, lorsque j'étais
môme, me terrifiait avec sa soupe aux poireaux». Apprécié
pour ses morceaux souvent bercés de mélancolie, l'artiste les entrecoupe
d'interventions qui tranchent par leur humour. Le temps de trois morceaux, il
laisse son siège à Julien Thiault, son talentueux protégé.
Revenu le féliciter, le mentor lance au public, hilare: «Vous
voyez, il n'y a pas que la Star Ac' !» Si la relève semble assurée,
William Sheller, qui vient de fêter ses 60 ans, a encore de l'énergie
à revendre et s'enflamme pour Dans un vieux rock'n'roll
ou Les filles de l'aurore.
Entre
rêves et cauchemars
«Les notes m'aident
à retranscrire toutes ces petites histoires vécues, et que chacun
de nous a en commun», confesse-t-il. Cet artiste réputé
réservé se dévoile progressivement, à mesure que la
soirée s'avance. Au moment d'interpréter Oh ! J'cours tout
seul, il raconte comment l'idée lui est venue de mettre en paroles
«un cauchemar dans lequel je courais à côté
d'un train, et les passagers m'appelaient à l'aide». Passant
du rire aux larmes, il dit chanter ses angoisses «pour s'en débarrasser».
«Je veux être un homme heureux», murmure William Sheller
pour conclure deux heures d'enchantement. Alors qu'il se redresse pour saluer
le public qui, debout, l'ovationne, il s'appuie sur son piano. Du William Sheller,
comme on l'aime...