L'Est républicain
12 novembre 2006
-Enregistrement de l'émission "Les 500 Choristes pour l'UNICEF", diffusée le 18-11-06 sur TF1-

Dans les coulisses des 500 choristes
(par Bruno Susset)



Retour en studio pour les chorales lorraines, toujours dirigées par Jacky Locks, pour une
cinquième émission dédiée cette fois aux 60 ans de l'UNICEF.
A découvrir samedi soir prochain sur TF1.

Une longue file d'attente de spectateurs endimanchés, anachroniques au milieu des entrepôts d'une zone industrielle de la Plaine Saint-Denis, en banlieue parisienne. Il est midi. Plateau 128. Les climatiseurs tournent déjà à fond. Sous un déluge de lumière, tout de noir et blanc vêtus, les 500 choristes lorrains sont de retour, fringants, malgré une courte nuit. Arrivés la veille à Paris autour de minuit, levés à 6 h, ils sont à pied d'œuvre depuis 8 h. Prêts à se lancer dans un marathon télévisuel. Car le week-end promet d'être long. Si long que plusieurs publics vont se succéder dans la fournaise.

Pas moins de deux jours seront nécessaires pour enregistrer le cinquième numéro de l'émission «Les 500 choristes». Un show dédié aux 60 ans de l'UNICEF. Pour la circonstance, Flavie Flament partage donc la présentation avec Laeticia Hallyday, ambassadrice de l'organisation internationale, d'évidence plus à l'aise dans le rôle de «Mme Johnny» que dans celui d'animatrice. Les deux jeunes femmes, retranchées dans deux petites loges tendues de tissu (noir pour Flavie Flament, rouge et gardée par deux cerbères pour Laeticia Hallyday), peaufinent leurs interventions.

Béquilles aux bras (une mauvaise chute de cheval), le réalisateur, Pascal Duchêne, fait la navette entre le studio et les cars régie stationnés dans la ruelle voisine. Un habitué des grosses machines. Outre la totalité des «500 choristes», on lui doit les shows des Enfoirés, et plus récemment le spectacle de Johnny à Bercy. «Depuis la première, nous sommes rodés. Mais ça reste quand même compliqué à cause de tout ce monde sur le plateau !» Pour cette raison, les séquences sont tournées dans le désordre, puis montées ensuite.

Perché sur un podium, Jacky Locks, le chef de chœur, donne de nouvelles indications. Le chef lorrain déploie une fois encore tout son talent de meneur de troupe. Devant un Gérard Blanc médusé et amusé au moment d'interpréter son tube Une autre histoire. Doris et Joëlle, deux choristes du groupe nancéien Méli-Mélodie, une des chorales lorraines embarquées dans l'aventure depuis la première, en 2004, sont ravies. Nostalgie des années «Martin Circus» dont Gérard Blanc fut le leader. «Dommage que nous n'ayons plus le droit de prendre des photos», regrettent quand même les choristes. Il leur faudra s'en tenir à une banalité échangée, un regard, un sourire. Ça suffit pour que, dans les rangs, on joue parfois des coudes afin de se placer au mieux derrière «la» vedette. Télé quand tu nous tiens...

Un moment de vérité dans un océan d'artifice

Une répétition, une prise, l'affaire est vite réglée. Ce n'est pas toujours le cas, malgré les prompteurs qui crachent paroles des chansons, textes de présentation. Au cas où... Les artistes se succèdent, Tina Arena, Natasha Saint-Pier, Corneille, Maurane, William Sheller... Dans leur sillage, maquilleuses, attachées de presse s'agitent. Patrick Bruel est annoncé. Le chanteur se révèle pointilleux, perfectionniste. S'étonne que les choristes ne l'accompagnent pas sur son succès du moment. Colère rentrée de Jacky Locks à qui la production avait justement demandé de ne rien faire sur ce titre... Télé, ton univers impitoya-able...

C'est sur un problème de tonalité qu'achoppe ensuite le tournage. Avant qu'un raz-de-marée d'émotion emporte les plus jeunes des choristes. Cette chanson, Qui a le droit, est dédiée à leur camarade, Marion, choriste elle aussi, tombée cet été sous les balles d'un forcené en Corse. Un moment de vérité dans un océan d'artifice.

Des coulisses surgissent les accessoires improbables qui «habillent» les chansons : lampes de poche, boules lumineuses, baudruches géantes, bougies, tubes néon, chevaux de bois, faux palmiers... Dominique Heymes et Jean-Paul Rigot, les deux ingénieurs du son de la Music Academy International de Nancy, qui ont supervisé la logistique des enregistrements des voix des chœurs en région, ne sont pas loin. En aparté, Jean-Yves de Linarès, producteur avec Anne Marcassus de l'émission, glisse qu'une sixième est déjà en préparation. Le retard s'accumule. Il ne sera pas rattrapé. C'est à minuit, le lendemain, que s'éteindront les projecteurs. Juste à temps pour permettre aux choristes lorrains de retourner à l'anonymat de leur quotidien.