Non, le hall du Mouzon ne doit
pas être maudit pour ce qu’il n’est pas : une salle de
concert. Mercredi soir, dans une configuration acoustique savamment étudiée
de ce Mouzon a priori si froid, William Sheller a pu justifier sans trop de difficulté
son rang de meilleur chanteur-musicien français que beaucoup lui reconnaissent
à juste titre. De Symphoman jusqu’à Dans un vieux
rock’n’roll, ce sont deux heures d’un concert de très
haute volée qui ont été servies aux 650 spectateurs du Mouzon.
«Avec un renvoi fidèle du son et de la voix», notait
en fin d’exercice Marc Fouilland, le directeur de CIRCUITS, satisfait de
la qualité offerte et de la ferveur obtenue par le second rendez-vous de
la saison culturelle.
«Intemporel Sheller», titrions-nous
mercredi. C’est tellement vrai : le chanteur égrène une
à une les époques, celles d’une vie faite de notes et d’images
vécues, autant de sources d’inspirations pour des chansons, toutes
des joyaux. Nostalgie, amour, enfance, existence… : Sheller enchaîne
avec un talent inouï ses textes et ses musiques. La note est juste, le phrasé
ou la cantabile nickels. En seconde partie, il invite un jeune chanteur, Julien
Thiault, à livrer en public ses trois premières compositions. «Celui-là
ne risque pas d’être invité à la Star Ac»,
susurre le mentor lorsque le gamin repasse derrière le rideau. Quel bonheur
avec Sheller de quitter un instant la médiocrité musicale entendue
partout.