Sud-Ouest
4 octobre 2006
-Concert du 3 oct.2006 au théâtre Georges Leygues de Villeneuve-sur-Lot-

Sheller aime la pluie



THÉÂTRE GEORGES-LEYGUES. William Sheller ouvrait hier soir la saison culturelle. Au piano et avec bonheur.


Ses premiers mots vont vers son piano. Superbe, à queue, laqué de noir, brillant dans l'obscurité. Il est important ce piano. Il lui a manqué. Il le retrouve et nous avec. Avec bonheur aussi.

Chemise et pantalon noirs, teint halé, William Sheller s'est baladé hier soir au théâtre Georges-Leygues curieusement pas plein. L'auteur, compositeur, et aussi interprète donc, porte bien ses 60 ans. Il n'a toujours pas son permis de conduire - et en est plutôt fier - et ses textes d'aujourd'hui sont aussi bons que ceux d'il y a trente ans. Le récital donné hier soir, pour l'ouverture de la saison théâtrale d'ici, le rend bien.

Ce qui ne change pas fondamentalement, c'est cette capacité rare à conter des histoires, des tranches de vie. Souvent mélancoliques mais jamais réellement tristes. Parfois désabusées mais pas cyniques. Nostalgiques mais pas figées. «II n'y a pas que les Bretons qui le disent, il pleut tout le temps dans mes chansons», admet-il en prenant la salle à témoin.

Ce type qui court. Ce fils de jazzman américain, de son vrai nom William Hand, apprécie l'automne et en parle bien. Tout finit presque par s'y rattacher. Les poireaux de la voisine Yvonne, ce visage inconnu à suivre pour deux jours, ces jours où il n'y a personne dans la rue, ce type qui court, en pyjama et à côté d'un train...

Ce type là, «qui court toujours tout seul», on le connaît bien, presque aussi bien que lui. En revanche, pas pareil, sur une composition nouvelle. Quand il «bouffe la fin», pas question de la lui souffler. Mais, aussi pour cette fin bouffée, on a été contents de le voir.