La Marseillaise
30 et 31 juillet 2006

Choix d'articles concernant le 9eme Festival des Fous Chantants d'Alès
(auteurs divers)



- Article du 30 juillet :

Le soleil se lève sur les Filles de l'aurore


Normalement, si tout s'est bien passé et qu'il n'y a pas eu d'orage, ce matin il y a plusieurs milliers de gens qui se réveillent heureux, dans les environs d'Alès.
Heureux, les mille choristes tout d'abord. Ils ont passé une semaine indescriptible. Cerise sur le gâteau, le concert final. Mais comme pour un voyage tant attendu, il y a la destination et le chemin. Et les souvenirs volés à des situations imprévues, petites perles éphémères qui s'ajoutent et s'enchaînent, subtil sautoir d'émotions.
Heureux, Sheller, on l'imagine. Pour un musicien, voir ses chansons habillées de si jolie manière pour la fête, avec autant de qualité et de don de soi, ça ne peut laisser indifférent.
Quelle image gardera-t-il serrée au fond de son poing ? Celle de l'ensemble des choristes rassemblés dans les arènes ? Un instantané personnelle glanée en secret lors des répétitions ? Le souvenir d'un visage, d'un accent croisé au Fort à l'apéro ?
L'avenir nous l'apprendra peut-être un jour, à l'occasion d'une allusion dans une chanson. Les chanteurs même les plus secrets ne se racontant jamais aussi bien que dans leurs textes. Mais bon, Ensemble, Goldman nous l'a déjà faite, il va falloir qu'il trouve autre chose !
Heureux le public, de toute évidence, si le spectacle a été aussi merveilleux que la générale de vendredi soir le laissait espérer.
Chaque année produit son lot de souvenirs particuliers. Pour cette édition 2006 des Fous Chantants, on retiendra sans doute la performance, en introduction, des chefs de chœur et des solistes, dans une mini-comédie musicale créée pour l'occasion et retraçant l'histoire musicale de Sheller.
Mais ce numéro de chanteur ne doit pas occulter l'essentiel de l'évenement : la prestation des choristes particulièrement bons cette année. Un gros coup de cœur pour leur interprétation du Nouveau Monde. Le chef de chœur Jacky Locks, y a inséré une partie baroque de toute beauté. L'occasion de montrer, à toutes fins utiles, que les choristes seraient tout à fait capables de se frotter au répertoire classique si l'envie leur en prenait.
Deux chants a capella dans le spectacle dont un mené par Marc-André Caron, Marco, chef québécois dont on sent avec délice à quel point il se régale dans cet exercice, lui pour qui le choriste est définitivement l'épicentre de sa motivation.
Et puis Guylaine et son adorable façon de mener le chœur, avec les pieds, avec les poings et Maryline, sa douce sensibilité comme un bouquet de ballons...
Comme tout cela est bon et fait du bien, "Juste pour la bonne raison, qu'on ne peut pas vivre sans amour".


- Articles du 31 juillet :

Les mille et Sheller à l'amble de l'intensité
Gravé à chœur

Les arènes d'Alès n'oublieront pas la soirée de samedi, hommage des mille Fous Chantants à William Sheller.

On pourrait user tous les superlatifs pour dire combien la soirée d'hommage à Sheller fut belle, samedi soir dans les arènes. On pourrait parler de la qualité grandissante d'année en année du choeur des mille. On pourrait féliciter les chefs de chœur, les musiciens, les solistes et aligner tant et tant de compliments que le compte n'y serait pas.
Expliquer ce qui se passe dans une soirée telle que celle-là tient de l'impossible. Peut-être simplement la réaction du public à la fin du concert parle-t-elle d'elle-même. En effet, si certains se plaignent qu'aujourd'hui dans les spectacles les vrais rappels n'existent plus, ce ne fut pas le cas samedi soir. Le chœur a chanté les vingt-et-un titres prévus (dont les quatre derniers avec Sheller), puis il y a eu la traditionnelle cérémonie de présentation, le traditionnel discours du maire, la traditionnelle remise à l'artiste de la médaille de la ville qui, pour ne pas faillir à la tradition, est tombée par terre et a roulé sur la scène, comme chaque année !
Ensuite les "faux" rappels puisque prévus à l'avance, et là normalement, le spectacle était fini. Comme ils le font chaque année, les chefs de chœur se sont alors tournés vers les choristes pour leur parler, dire leur bonheur, les remercier etc... Ils pensaient que pendant qu'ils avaient le dos tourné, les arènes se vidaient. Et bien pas du tout ! Pratiquement personne n'avait bougé, la salle pourtant rallumée depuis longtemps, personne ne pouvait se résigner à partir. Jouant d'un peu d'humour, Jacky Locks reconnut : "Là, on ne sait plus quoi faire !" Le plus simple étant peut-être encore, même si tout le monde était épuisé, d'en refaire une, il remit tout le monde en place, musiciens, choristes, les autres chefs restèrent également là et Maryline se mit au pupitre pour une dernière reprise des Filles de l'aurore.
On ne peut pas non plus relater cette soirée sans évoquer l'implication totale de William Sheller dans le concert. Un peu averti de ce qui allait lui arriver par les répétitions auxquelles il a participé, il avait demandé quelques heures avant le concert de chanter Le Nouveau Monde avec le chœur dans les rappels. Tout le monde, choristes et public gardera longtemps en mémoire cette image d'un Sheller vibrant telle une corde de violoncelle à l'unisson des voix qui lui arrivaient par paquet comme un capitaine à la proue d'un bateau en pleine tempête. En fusion totale, il avalait à pleines gorgées l'émotion incandescente qui se déversait à gros bouillons du chœur. Si après ça Sheller se pense encore "un mauvais capitaine [...] auquel on tourne le dos", comme il le chante dans Simplement, c'est à n'y rien comprendre.
Cette semaine passée avec les choristes et ce concert sont pour lui, leur a-t-il confié les yeux dans les yeux, "un souvenir que je n'oublierai jamais", leur expliquant, "C'est parce qu'il y a des gens comme vous que je fais de la musique". C'était si vrai qu'il a voulu à son tour offrir en retour aux choristes un petit quelque chose. Il leur donna sa Chanson d'automne, rien que pour eux, une façon de leur dire : "Dorénavant quand vous aurez besoin de moi, sachez que je serai là". "Si tu n'aimes pas trop la foule, si parfois la vie te saoule un peu, si tu t'sens roulé en boule, ou si le mauvais sort te blackboule hors du jeu, n'oublie pas qu'on est deux..."
On a tous ce genre de bouée pour garder la tête hors de l'eau les jours de mauvais temps : une image, une chanson, un souvenir, "Le goût usé d'un souvenir de jeunesse, qu'on tire d'une machine à cachous..."
Pour les choristes, c'est le projet merveilleux de revenir l'an prochain. Ils savent maintenant que quelque part entre ici et le bout du monde, leurs pensées croiseront parfois celles de Sheller.

Les fous se lâchent

Après un pur moment de bonheur et d'intense émotion lors du spectacle dans les arènes, tout le monde s'est retrouvé au Fort Vauban pour faire la fête.

Aux dires des spécialistes, cette cuvée Sheller aura été exceptionnelle. Le vibrant hommage auquel le public a pu assister était, paraît-il, très émouvant à l'intérieur aussi. On comprend donc parfaitement qu'après une telle soirée, et une semaine de travail intense, bénévoles, choristes et l'ensemble de l'organisation aient eu besoin de décompresser. Et ce fut le cas. Dés la fin du concert, la foule des choristes se dirigea tranquillement vers le fort. Les premiers arrivants ont pu profiter de l'espace mais très vite la foule prit d'assaut la forteresse. Il y avait le bar, comme tout au long de la semaine mais aussi un DJ car ces Fous-là savent aussi danser, se déchaîner. En continuant le long du fort, on pouvait trouver un autre bar...mais celui-là était réservé aux amateurs de champagne. Il ne fallait pas se tromper puisqu' à côté, on distribuait la traditionnelle soupe à l'oignon. L'arrière du fort, dans l'obscurité, tenait lieu de discussions passionnées, on n'hésitait pas à discuter du concert comme on a l'habitude de refaire le match.
Ce soir-là, les fous se sont lâchés, se sont dit au-revoir et se sont faits la promesse de se retrouver au même endroit dans un an.Tout le monde est parti avec une petite question dans la tête... Que nous préparent les Fous Chantants comme surprise pour la dixième édition ?