8

Le Télégramme de Brest
2 décembre 2005
-Concerts au Carré magique de Lannion, 30 novembre et 1er décembre 2005-

L'heureux anniversaire de William Sheller
(par Valérie Cudennec-Riou)

 

Quelles soirées ! Les 1500 spectateurs venus au Carré magique fêter ses trente ans de chansons sont ressortis un peu sonnés des deux récitals donnés par William Sheller. Ivres de ce festival de mots, de ce tourbillon de notes, entre un piano à queue et un quatuor à cordes. Somptueux.


Le pantalon aux plis impeccables contraste avec la longue chemise noire un peu débraillée. Ses lunettes cerclées lui donnent cet air d’éternel adolescent, pourtant c’est lui qui le dit, William approche des 60 ans. Il est un peu ému ce soir : «C’est la dernière étape de ma tournée "30 ans de chansons" avec le quatuor Stevens, alors il  se passe quelque chose, on n’a pas envie de se quitter.» En plus, ça se passe à Lannion. Pas loin de ses souvenirs de vacances de gosse à Plouézec en compagnie d’Yvonne, «la voisine du 6e à Paris chez qui ça  sentait toujours si fort la soupe aux poireaux.»

Des histoires à raconter
Le concert ouvre sur la version magistrale de Symphoman, piano et quatuor à l’unisson. «Bon, maintenant que vous avez pris le temps de bien nous regarder, de voir que j’suis plus petit qu’à la télé et que j’ai pris un coup de vieux, on va pouvoir commencer à vous raconter des histoires.»
Alors il raconte, William. L’enfant rencontré dans la rue qui martelait «Maman est folle», le tic-tac obsédant d’un réveil «qui vous donne l’heure des mots», une plage d’Espagne, un feu, une femme qui danse… Elvira.

Des émotions à partager
Les titres s’enchaînent. Les nouvelles chansons alternent avec les tubes – Les Filles de l’aurore, Le Carnet à spirale, Oh ! j’cours tout seul-, et aussi «les vieilles chansons pas connues parce qu’elles étaient pas radiophoniques mais que j’aime et que j’avais envie de vous faire partager.»

Un archet sur nos veines
Pas à pas, celui qui chante qu’il «gardera quoi qu’il advienne sa réserve extrême» se dévoile : simple, chaleureux, proche de son public. L’envoûtante prestation des violonistes, à qui Sheller sait octroyer de fabuleux «solos», fait frissonner la salle. La chanson qui se joue le suggère mieux que d’autres mots, c’est Un archet sur mes veines.
Un homme heureux. Dans un vieux rock’n’roll. Près de deux heures d’intimité, c’est l’ovation, un deuxième rappel et le public en redemande. Il faut pourtant se quitter, riches de mélodies, ivres de poésie. Un concert anniversaire d’un rare éclectisme.

* Anne-Marie et Hervé, de Saint-Clet :  «Une soirée unique» 

Anne-Marie et Hervé, 40 ans, sont venus de Saint-Clet, accompagnés d’un couple d’amis. «J’écoute Sheller depuis l’âge de 12 ou 13 ans. Ses disques, je les ai presque tous et quand j’ai appris qu’il donnerait deux concerts à Lannion, j’ai littéralement sauté sur les réservations !»
Hervé n’aurait manqué pour rien au monde cette soirée. «C’est le premier concert de Sheller auquel j’assiste, c’est aussi la première fois que je mets les pieds au Carré magique».  Les yeux écarquillés comme un enfant devant son cadeau de noël, le sourire jusqu’aux oreilles, Hervé n’est manifestement pas déçu de s’être déplacé. «C’était une soirée unique !» confirme-t-il, avec un goût de trop peu.

* Gaëlle et Tanguy, brestois : «C’est vraiment top !»  

Gaëlle et Tanguy, 24 et 25 ans, sont venus de Brest pour assister à leur premier concert de Sheller. «Ce mec, c’est vraiment un mélodiste de génie !» s’exclame Tanguy. En grand amateur de musiques électroniques, le jeune homme confie avoir redécouvert depuis peu l’artiste «par le bais des musiques actuelles qui se sont beaucoup inspirées de lui. Entendre ici le créateur, l’instigateur de tout ça, c’est trop top !» dit-il. Sensible à la touche supplémentaire apportée par le quatuor à cordes, Tanguy confie : «Peu importe que la musique soit électronique ou organique comme ici. Ce qui compte, c’est la mélodie.»