Théâtre
des Champs-Elysées, Paris, 20 h 30.
Les instruments sont présentés comme
des œuvres d'arts. Deux violons, un alto, un violoncelle et bien sûr un
piano à queue, chacun soigneusement illuminé sur une scène
sombre en attendant l'arrivée du petit homme aux cheveux blancs et de son
quatuor. William Sheller fête ses "trente ans de chanson" en tournée.
Avec une halte à Paris, au Théâtre des Champs-Elysées
: "Je suis un peu chez moi. Vous savez, ma grand-mère était
ouvreuse ici et mon grand-père travaillait sur les plateaux",
confie l'auteur, compositeur et interprète devant une salle comble. Sur
scène, William Sheller est à son aise. Il cause autant qu'il chante.
Raconte d'où vient son inspiration. Maman est folle, est née
de cet après-midi à la campagne où un petit garçon
sautait sur un chemin en criant cette petite phrase. Cuir de Russie, de
cette carte postale publicitaire dénichée dans un vieux bouquin
des années 20. Il conte ses histoires qui rendent la vie douce et amère,
tout de noir vêtu. Des aventures de petit garçon à qui l'odeur
de poireaux rappelle l'appartement de la voisine, Yvonne.
Une chemise fluide
et un peu trop grande cache son dos voûté par l'expérience.
Rires, applaudissements. William Sheller installe une complicité unique
avec son public : "Je vous ai joué une introduction un peu longue
pour que vous ayez le temps de tout observer. De vous dire : "Oh!, qu'il
a vieilli, oh!,
il est plus petit qu'à la télé". Maintenant, on peut
commencer", souffle avec malice le musicien. Plus de deux heures de musique
plus tard, c'est un triomphe. Un rappel, puis deux... et catastrophe sur Dans
un vieux rock'n'roll, le chanteur doit reprendre au début. "Même
après trente ans de carrière", bougonne-t-il... Le public,
lui, est conquis et réclame son troisième rappel.