Le Nouvelliste
6 octobre 2005
-Concert avec quatuor au Théâtre du Martolet à Saint-Maurice, 4 octobre 2005-

Chansons d'automne
(par Manuela Giroud)

 

Le public du Martolet s’est levé mardi soir pour William Sheller.
Acclamations méritées.

Ça tient souvent à presque rien. Un homme heureux qui vient vous offrir des chansons d’automne. Des chansons qui parlent de choses humaines, vous enveloppent d’une nostalgie soyeuse et vous réchauffent la vie.

Comme le monsieur est partageur, il prend avec lui des amis musiciens (aussi appelés quatuor à cordes), excellents et élégants, comme lui. Parfois, il les laisse tout seuls sur la scène pour raconter l’histoire d’une sorcière russe ou d’un magasin de bandes dessinées. Quand ils jouent tous ensemble, on voit passer des machines absurdes, un homme qui court tout seul dans son cauchemar, des filles de l’aurore, un petit garçon qui se sent abandonné, un vieux un très vieux rock’n’roll, une fille dansant sur une plage d’Espagne, un carnet à spirale. Mais aussi l’ombre d’une longue dame brune qui, autrefois, a chanté dans ce même théâtre et joue désormais sa petite cantate avec les anges.

Comme le monsieur a de l’humour, il fait de petites intros pour expliquer comment sont nées les chansons. Pour un peu, il nous ferait croire que c’est au moment de la sieste que lui viennent les idées.

Comme le monsieur est généreux, il n’agresse pas nos oreilles. Il ne nous jette pas sa musique à la figure mais nous invite en douceur à entrer dans son univers. Et ça marche : la salle retient son souffle jusqu’à la dernière note. La qualité d’un concert, c’est aussi la qualité du silence.

A la fin, la salle se lève pour applaudir. Le chanteur lui adresse un signe signifiant : «Je reviendrai.»  C’est quand vous voulez, M. Sheller.