Nagui présentera
un nouveau numéro de Taratata vendredi 5 août à 20
h 50 sur France 4, samedi
6 août à 23 h 5 sur France 3. Soyons honnêtes,
c'est une bien belle émission que celle que vous allez voir. Avec comme
invités Calogero, Sinsemilia, William Sheller, Tanita Tikaram et Arno.
Entre autres. Mais ça, vous le savez. Mais ce que vous ne savez pas et
que vous ne verrez pas, c'est tout ce qu'il se passe hors du plateau. Vous avez
raté, mais rassurez-vous le public en plateau aussi, les répétitions.
Les tensions entre musiciens et chanteurs. La version Calogero de Substitute des Who (groupe phare anglais des années soixante et soixante-dix). Et
en coulisses. Vous ne verrez pas, tout en haut d'une énorme grue qui se
déplace sur des rails en avant ou en arrière, cette caméra
orientée manuellement vers la droite ou vers la gauche, vers le haut ou
vers le bas par deux techniciens au sol. C'est elle qui fait les plans d'ensemble.
Il y a également deux caméras suspendues au plafond, de chaque côté
du plateau. Les techniciens y grimpent avant le début de l'enregistrement
puis ils remontent leurs échelles de filin avant de s'asseoir derrière
l'appareil, à cinq mètres du plancher. Enfin, des cameramen au sol
se déplacent avec leur caméra sur l'épaule. Et puis, il y
a le bal des instruments qui quittent le plateau : contrebasses et grosses boîtes
noires défilent dans l'ombre, se heurtant aux obstacles que sont spectateurs
et câbles électriques. Des caméras suivent les artistes avant
leur entrée en scène en projetant sur eux un faisceau de lumière.
Vous ne verrez pas les membres de Sinsemilia se moquer de leur porte-parole en
plateau, ni le soulagement général à la fin de la troisième
prise des Miroirs dans la boue.
Ce que vous ne savez peut-être
pas non plus, c'est que cette émission a été enregistrée
le 7 juin. Donc, pas en direct, mais "dans les conditions du direct".
L'émission dure deux heures, l'enregistrement est prévu à
21 heures. Jusqu'ici, tout va bien. Sauf qu'ils ont pris un peu de retard dans
les répétitions. Un peu ? L'enregistrement débute à
21 h 45. La ponctualité ne serait-elle pas l'une des "conditions du
direct" ? Plus tard, après une bonne moitié d'émission
parfaitement réussie, problème technique. Juste avant que ne commence
la chanson de Dahlia. On arrête tout, on prend deux minutes pour régler
la difficulté, pendant que Nagui meuble avec ses blagues et puis on reprend.
Ah oui, mais non, ça ne va pas, parce qu'il faut reprendre pendant les
bravos du public. Donc il faut la même intensité d'applaudissements,
donc on réessaye jusqu'à obtenir la même intensité.
Mais ça vous ne le verrez pas, ça a été soigneusement
coupé au montage. Montage ? Direct ? Il y a comme un antagonisme entre
ces deux mots.
Encore plus tard, alors qu'on approche de la fin de l'émission
-ça peut se comprendre, il est 23 h 45, les artistes sont fatigués-
Calogero se plante pendant son duo avec William Sheller, ce n'est pas grave, c'est
mignon, ça fait vrai. Ils terminent ensemble la chanson. C'était
beau, émouvant et tout. Mais non, ça ne passera pas. D'où
vient cette obsession de la perfection ? Calogero aussi peut se tromper, ça
prouve qu'il est humain. Mais on la refait. Avec les bons applaudissements. Et
là, paf ! C'est William Sheller qui s'embrouille au même endroit.
Devinez ce qui se passe alors ? Mais le public, bien lassé qu'on critique
ses ovations, lance des "ouuuuh !!!" à l'attention des
techniciens. Et Nagui de s'énerver (un peu), de lui dire que ce n'est pas
sympa, que les techniciens essaient de faire leur boulot du mieux possible. Mais
tout ça, vous ne le verrez pas. Non, vous verrez la troisième version,
la bonne.