Ouest-France
(édition de Nantes)
16 avril 2005
-Concert au Grand Auditorium de la Cité des Congrès de Nantes, 14 avril 2005-

Sheller,du bonheur en lettres capitales
(par Jocelyne Rat)


 

L'attente a été longue dans le Grand Auditorium plein à craquer, mais l'entrée en scène de Symphoman, alias William Sheller, calme les impatiences. Dans un geste de funambule, l'artiste fait signe à ses «amis souffleux» «batteux» ou «violoneux» de le rejoindre.

Sheller ne joue plus en solitaire, 18 musiciens l'accompagnent et la musique est bonne. «Né d'un rêve oublié là», Symphoman est toujours un peu bizarre, ses mains volent sur le piano, le font planer «comme un jumbo». Il court encore parfois tout seul derrière un souvenir de Véronique Sanson, ou l'image d'une fille aux cheveux roux, perdue entre un ciel d'orage et la pluie qui «fait des miroirs dans la boue». La boîte aux souvenirs recèle toujours un carnet à spirale où le bonheur s'écrit en lettres capitales.

Qu'il parle de nostalgie et d'ombres revenues avec le soir, ou qu'il revisite quelques standards à la lumière d'orchestrations nouvelles, Sheller fait corps avec son public. L'homme au piano se fond dans le délire fabuleux d'un saxophone et la complainte des violons. Le dialogue musical devient plus raisonnable en présence d'une contrebasse et d'un basson.

Rien n'effraie le rêveur impénitent qui trace sa route sous la lumière crue des projecteurs : ni l'opéra et une Mme Butterfly vue à travers les yeux du capitaine, ni les cocktails rock'n'pop, pas plus que le lyrisme de certaines histoires comme Excalibur ou Le Nouveau Monde. Installé au piano ou déambulant sur la scène, Sheller ajoute à l'ensemble quelques touches d'humour qui servent de fil conducteur au spectacle.

Et le public ne veut plus laisser partir Monsieur William.