Les Dernières Nouvelles d'Alsace
8 mars 2005
-Concert au Palais des Congrés de Strasbourg, 7 mars 2005-

Monsieur William !
(par Emmanuel Viau)



Toi qui vouvoie les filles, permets que je te tutoie. Car j'ai, ce lundi à Strasbourg, trouvé un artiste tendre, à l'esprit ouvert. Un homme heureux.

"Trente ans que tu fais des concerts. Et toujours aussi nerveux. Tu es touchant, William, dans ton costume gris trop large, comme hérité d'un grand frère. Avec ton air réfléchi de garçon sage, tu t'émerveilles du spectacle des autres et du monde. Une babiole t'inspire une chanson...
Je sais, tu aimes la musique classique. Avec toi, il y a tout un orchestre classique et électrique : des cordes incluant guitare et basse, une batterie, quelques vents. Mais entre Lully et Jonasz, le ton est difficile à trouver. C'est parfois juste, parfois magnifique. Trop souvent envahissant. Je te préfère au piano, seul ou en petit comité. C'est là que tu te révèles. Plus rien à cacher, rien à craindre.
C'est pour ça que ton nouvel album est sans doute le meilleur : sobre et intimiste. Comme quand tu chantes Mon Hôtel seul au piano. Ou quand tu te sers de To You comme fil conducteur de la soirée. "J'ai trouvé dans mon piano quelque chose qui ne m'appartient pas" : pour toi, esprit vagabond ouvert à tous les vents, les chansons sortent toutes seules du piano. Des bribes de vie et de mots, une boîte à gâteaux presque vide chez la mère d'un copain, la voisine Yvonne qui te faisait des tartines de confiture, une ritournelle d'enfant (Maman est folle), ou le vibrato de Véronique Sanson (Photos-souvenirs).
Tendre William, tu es d'un autre temps. Et tu n'oublie pas, d'ailleurs, tes années hits : Symphoman, Basket-ball, Le carnet à spirale, Un homme heureux. Ce soir, c'est toi l'homme heureux. Regarde, le public est debout ! Emu, tu essuies une larme..."