Paris-Normandie
(édition de Seine-Maritime)
21 février 2005

William Sheller, artiste sans âge



Il vient à Rouen, sur la scène du Zénith, le 23 février prochain. En préfiguration de ce concert attendu par plusieurs générations, impressions du spectacle donné il y a deux semaines aux Folies-Bergère.


Qui se cache derrière trente ans de carrière, sur une scène aux accents d'un autre siècle, encadré par dix-huit musiciens ? Facile, un drôle de bonhomme à l'allure encore très juvénile, au verbe limpide et à la voix intacte, William Sheller.
Lors de sa toute récente prestation parisienne des Folies-Bergère, l'artiste de variétés à la formation des plus classiques a une fois encore épaté - malgré un de ces silences de l'ascète entre deux apparitions, silence que ses plus fidèles savent très dense -, tout prouvé à son public. Talent et affection, simplicité et bon goût. Dans les travées, des quinquas, des quadras, des tout jeunes.
Sheller réunit les générations. A les entendre tous reprendre en chœur et avec vigueur Dans un vieux rock’n’roll (1976), il abolit même un peu le temps. Idem pour la magnifique reprise de Carnet à spirale (du même album), tandis que le chanteur s'abandonne à la nostalgie du morceau, flotte élégamment parmi les instruments à vent, la guitare, les cordes et les bois qui l'accompagnent.

Egrener les styles

Ce soir-là et les autres, William Sheller n'interprète que quatre morceaux de son dernier album, Epures. Il préfère égrener les styles, les époques, les morceaux, passer du rock symphonique à la chanson intimiste, s'autoriser un détour par la pop psychédélique. Un parcours exceptionnel dans un paysage musical aujourd'hui devenu bien terne.
Accompagné de partenaires d'une soirée, d'une tournée, menés par le violoniste Nicolas Stevens, formations qui se déclinent en quatuors, trios, ou le laissent seul devant son piano à queue (Nicolas, Oh ! j'cours tout seul), Sheller séduit sans racoler. Son inévitable Homme heureux (1991) rappelle même aux plus férus le retour « en solitaire », après une étape différente de sa carrière (l'album Univers en 1987, mise en scène de Quasimodo en 1989) (1).
William Sheller est aussi un homme prolixe. Son spectacle dure d'ailleurs plus de deux heures. L'artiste aime partager, raconter les petits secrets de ses créations (Maman est folle, Photos-souvenirs). Normal, presque ordinaire, ses chansons accompagnent les époques sans jamais sonner daté. Plusieurs rappels, un ultime Rock’n’dollars, et le drôle de Monsieur Sheller s'en retourne, discret, au secret qu'il cultive depuis quelques décennies. Un secret offert aux foules avec toujours la même générosité.
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* William Sheller, le mercredi 23 février à 20 h 30 au Zénith de Rouen.
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(1) Note perso du site : la comédie musicale "Quasimodo" a été jouée en 1987.