Libération N°7380
1er février 2005

Chanson
Série de concerts en grande pompe aux Folies Bergère
Sheller, folies orchestrales
(par Ludovic Perrin)




Un album à l’économie pour des concerts en grande pompe. Il y a dix jours, William Sheller entamait à Créteil la tournée accompagnant la sortie, à l’automne dernier, de son dernier disque Epures. Parce qu’il semble se fixer comme contrainte de n’être jamais là où on l’attend, c’est avec un orchestre de dix-huit musiciens que William Sheller jouera ses nouveaux morceaux enregistrés piano-voix à domicile, en Sologne. Il y reprenait Les Machines absurdes comme pour faire le lien avec son précédent disque du même nom, mais étoffées d’amples orchestrations raveliennes.
Et c’est toujours dans une économie de rimes, des interrogations, des appels lancés à l’autre, l’être aimé que l’on voussoie pour en augmenter le mystère. Depuis trente ans, ce « Symphoman », qui se voyait déjà en marge de la nouvelle chanson française de l’époque, creuse ces sentiments de solitude, d’abandon et d’incommunicabilité, pas mal de joies tristes sous toutes les formes possibles, jusqu’au rock de son album le plus anglais, Albion. Ces chansons dont Barbara pensait que William Sheller en serait le meilleur interprète. Elle l’a encouragé, il a suivi son conseil. Et ces Carnet à spirale, Dans un vieux rock’n’roll, Maman est folle et autres Filles de l’aurore constituent aujourd’hui une liste de classiques assez impressionnante. Le plus gros succès vint avec Un homme heureux à côté duquel poussent des tubes plus secrets tel J’me gênerais pas pour dire que j’t’aime encore. On est heureux qu’ils soient encore à découvrir.     

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* Folies Bergère, 32, rue Richer, 75009. Jusqu'au 12 février. 20 h 30.