A cinquante-huit ans, William Sheller prend le contre-pied de Machines absurdes, disque à l’électronique déroutante paru en 2000, et dessine avec sa voix et son piano ses nouvelles Epures. Façonné dans sa demeure en Sologne, ce nouvel album élève la solitude en vertu artistique : « Barbara considérait la solitude comme le luxe qu’elle souhaitait à tout le monde. J’adhère ! Je m’isole pour travailler, je ne me cache pas pour le plaisir, nuance. »
- Télé moustique : «Epures déboule comme un OVNI, à une époque où la musique sort presque scientifiquement des studios…»
- William Sheller : « J’ai mixé avec Yves Jaguet, qui a dû bosser avec certains jeunots de la Star Academy. Une expérience atterrante. Ces gamins ne savent pas chanter et doivent enregistrer immédiatement. Aujourd’hui, on copie les ‘60 et ‘70. Ridicule ! Comme si dans les sixties, les artistes s’étaient calqués sur les années 20. Le mouvement punk, lui, possédait au moins le mérite de briser les canevas. »
- « Le punk qui, comme vous, fêtera ses 30 ans de chanson l’an prochain. »
- « Je travaille effectivement sur une intégrale, ça me terrorise ! Votre vie étalée devant vous sous forme de quelques CD. Epures ne figurera pas dans le coffret. Il ouvre une ère nouvelle. Il ne ferme pas la précédente. J’ai joué l’anguille toute ma carrière, pour me faufiler, éviter de commettre le même album deux fois. Quand j’ai changé de genre après Rock'n'dollars, on m’a prévenu : "T’es bête, fallait continuer, maintenant Plastic Bertrand a pris ta place. " Je m’en foutais, qu’il la garde. Pas question de rester ad vitam le rigolo avec un gros pantalon. Je me sens de plus en plus proche d’un gars comme Arno. Lui aussi aime revenir là où personne ne l’attend. »
- « Sur la pochette du disque n’apparaît qu’une esquisse de votre visage… »
- « Je me suis fait placer des implants capillaires. Pas question de photos à ce moment-là. Et coïncidence : pour coller au titre de l’album, je souhaitais juste orner la pochette de quelques traits caricaturaux. Bref, une double raison. Mon physique a toujours imposé ses contraintes. Mes parents voulaient m’appeler Peter, et ont opté pour William quand ils ont vu ma tête en forme de poire à la naissance. »
- « Le titre qui ouvre l’album, Mon hôtel, s’écoute comme on regarde un film. »
- « J’aime proposer un climat qui plante le décor. Je trace les grandes lignes de l’histoire pour que chacun y greffe ses sentiments personnels. C’est la même chose sur Chanson d’automne, j’ai stylisé la musique pour évoquer la chute des feuilles, le froid, l’obscurité. Dans son genre, Schubert usait et abusait de la même recette. Plus tard, dans un autre registre, Kraftwerk a remis le couvert avec des instruments électroniques pour recréer la ville, l’autoroute, les trains… »
- « La musique électronique qui, indirectement, est à l’origine de ce disque piano/voix. »
- « L’idée remonte à Machines absurdes, un projet purement électronique que j’ai ensuite transposé au piano par goût de l’expérimentation, juste pour moi. A ce moment, m’est venue l’envie de rester seul derrière mon "quart de queue" pour composer des titres originaux. Ce disque incarne une fausse légèreté, et renferme en fait beaucoup de travail et de sueur.
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En concert au Cirque Royal le 14/03/2005, au Palais des Beaux-Arts de Charleroi le 15 et au Forum de
Liège le 16.