Sud presse (groupe)
4 novembre 2004

William Sheller, nouveau CD
Avec « Epures », il tire de grands traits
(par Danny Van Hemelen)



Le cadre était absolument idéal, vendredi dernier, pour un concert intimiste de William Sheller, servant de présentation à son nouveau CD,  Epures ! Un studio confortable et idéal pour l'écoute, un piano, un public connaisseur et respectueux, en phase avec l'artiste et une série de chansons - toutes belles - entrecoupée par des réponses éclairantes aux questions d'une Corinne Boulangier très à l'aise dans son rôle de « cherche mystère ».
Car William Sheller est un mystère ! Musicalement né d'une chanson (Rock’n’dollars) dont il a lui même reconnu qu'il s'agissait d'une véritable parodie; il a cherché, depuis 30 ans, à se trouver là où on ne l'attendrait pas, à présenter des disques étonnants, voire inespérés. Sheller n'est pas une star qu'on invite dans les grandes émissions de variétés, celles qui font vendre des disques, mais cela lui convient très bien.
Il veut une vraie relation avec son public (qu'il appelle « les gens », parce que cela leur donne un sens) plutôt qu'avec les faiseurs et défaiseurs d'étoiles filantes médiatiques. En réponse à une question, il déclare d'ailleurs : « Non, je n'ai pas vraiment de problèmes avec les difficultés actuelles des firmes de disques - et donc des artistes - du fait de la baisse des ventes de CD. Pour ma part, je suis plutôt un artiste de scène. Ce n'est pas la même planète ». Comprenez par là que les gens viennent le voir pour vivre quelque chose, pas juste parce qu'on les y pousse à coups d'opérations promo ciblées et tapageuses.

Un album piano-voix très personnel

William Sheller est donc venu présenter Epures. « Les épures sont les grands traits d'un travail », explique-t-il. Un travail qu'il a mené, comme à son habitude, dans son coin (une maison isolée en forêt), à son rythme (il possède son propre studio pour pouvoir bosser tranquille), à sa manière (douce et douloureuse, partagée entre exhaltation de la découverte et une forme d'introspection solitaire). Le résultat est - comme d'habitude, serions-nous tentés d'écrire - magnifique et très personnel.
Dès les premières notes de Mon Hôtel, on se retrouve en famille avec le Sheller dont on connaît bien les facettes : la mélodie accroche facilement, les notes de piano résonnent avec autant de délicatesse que d'énergie, les mots se côtoient avec aisance et sens... L'homme se livre avec autant de simplicité que de profondeur.
De  Epures, Sheller interprétera aussi Chanson d'Automne, Elvira, Loulou, Pour la Main Gauche et même une reprise piano-voix - la base de travail de ce nouvel album - des Machines Absurdes  (originellement parues il y a quatre ans), avec, pour chaque chanson, un petit mot d'explication, de mise en contexte, comme il a l'habitude de le faire.
On a l'impression de refaire connaissance avec ce « Sheller en Solitaire » qui était devenu « Un Homme Heureux ». Les Epures, en tout cas, sont composées de chansons très abouties, fortes de leur fragilité (la marque de fabrique de leur géniteur ? ), belles de leur dépouillement.
Un disque qui, sans aucun doute, continuera à tracer de la meilleure manière qui soit la route de William Sheller vers des expériences musicales à la fois chastes et envivrantes. Un disque qui, c'est sûr, donne envie de faire un bond de quelques mois dans le temps, histoire de retrouver cette anti-star (il s'est présenté sur scène, pour son concert radio, en chemise bleue, pantalon trois-quart et baskets et avec une casquette façon « base ball américain ») en concert chez nous. Ce sera le 14 mars à Bruxelles, le 15 à Charleroi et le 16 à Liège.
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À NOTER : William Sheller, Epures, chez Universal
Il faudra attendre quelques mois avant de le revoir sur scène...