Pareil à Véronique Sanson -un autre pur-sang de la chanson-, Sheller l’indompté chuchote à l’oreille des airs de solitude, de jours de pluie, de soirs qui tombent, d’amours lointaines. Avec Epures, son nouvel album pour voix et piano (le dixième en trente ans), le maestro du sentiment prolonge cette inspiration contenue dans Un homme heureux, qui avait scellé, en 1991, ses retrouvailles avec le succès. Ici, les 12 titres rappellent d’autres morceaux, comme Dans un vieux rock’n’roll, ou d’autres mélodies lancées en l’air avec leurs rimes croisées et leur tristesse polie. Et ces chansons d’aujourd’hui ou d’hier se répondent dans leurs motifs, leurs thèmes et même leurs mots, car Sheller respire surtout au piano-solo, quand il interprète ses titres doublement : à deux mains et avec le cœur. Chanson d’automne, écrite en pensant à Jeanne Moreau, est une chanson à fredonner. Avec Revenir bientôt, le chanteur se livre comme jamais. Tandis que Toutes les choses qu’on lui donne s’affirme déjà comme un classique.