- « Comment composez- vous ? »
- « Cela me prend la tête la nuit et le jour. Lorsqu’il s’agit d’amorcer la pompe se succèdent pour moi des états bizarres et sympathiques. Certaines fois je suis obsédé par des musiques ou des phrases qu’il faut que je termine même si elles ne me plaisent pas. Peu importe si ce que l’on obtient est raté, si ce n’est pas le début de quelque chose. L’essentiel est que la trace soit là et que je puisse y revenir comme un paléontologue qui dégage ici et là une vertèbre. »
- « Qu’en est-il pour le texte ? »
- « Même si je n’ai pas l’urgence du verbe, les mots sont pour moi une plaie et je peux parfois rester deux ans sur une musique sans cependant trouver un mot. En tout état de cause, la musique dicte une humeur, une ambiance, elle est en soi un langage. A moi d’éviter le pléonasme et de faire en sorte que les mots coulent aussi. Par ailleurs, tous les silences sont aussi très importants, parce que l’on doit se faire discret et que loin des commentaires, ils laissent la place à l’imagination de l’auditeur. »
- « Comment vivez-vous un concert ? »
- « Même si je peux faire des grands spectacles, j’aime envisager mon travail comme on aborde des mélodies de Schubert, j’aime le récit intimiste et me sentir, lorsque je suis au piano, véritablement au plus près des gens. »
- « Quels sont vos passe-temps favoris ? »
- « Je lis, je profite de la Sologne car je suis très terrien. Une chose que je n’aime pas ce sont les romans. Je leur préfère des textes sur le Moyen-âge, ou des essais, des biographies. Tout ce qui me parle de choses vécues, de tout ce qui est vrai en somme. »