Le trompettiste dijonnais enregistre avec  Michel Plasson le concerto que lui a écrit William   Sheller. 
           Trois jours durant, à l'Auditorium Maurice-Ravel de Lyon, l'Orchestre national  de la ville s'est mis à l'heure de Thierry Caens, le trompettiste dijonnais -  et lyonnais : il vient d'être nommé au conservatoire supérieur de musique  -. Au pupitre, rien moins que Michel Plasson, le maestro qui vient de claquer  la porte de « son » orchestre de Toulouse et se rapproche ainsi de  ses parents qui habitent Dijon.
            Au programme du CD dont EMI pourrait bien s'emparer quand la production Vivartis  voudra bien le lui proposer, le fameux Concerto pour trompette que lui a écrit William Sheller et qui avait été créé salle Pleyel à  Paris en janvier 1993 sous la direction de Yukata Sado avec l'Orchestre  des Concerts Lamoureux.
            Et William Sheller est là bien sûr,  sagement assis dans la salle en demi-lune de cet auditorium qui fait l'huître  sous la tour de la Part-Dieu, accouru de Paris où on sait qu'il a abandonné  tout spectacle pour se consacrer à la seule composition sérieuse. « Ce  concerto, oui, je continue de le trouver pas mal du tout » dit-il dans un  sourire, à l'affût de la manière dont Michel Plasson le dirige.
            
            Trompette en ut
             Thierry Caens, qui est le dédicataire de cette œuvre d'une belle allure et d'un  souffle certain, s'éponge le front après l'enregistrement du premier mouvement,  pose sa trompette (en ut), se penche sur la partition avec Michel Plasson pour  discuter d'un tempo ou d'un trait délicat.
« Ce concerto magnifique,  dit-il, je l'ai joué plusieurs fois  depuis sa création à Paris, notamment au festival de Sully, de nouveau à Paris  avec l'orchestre Lamoureux et au festival de Tours. L'enregistrer est pour moi  une immense joie, d'autant que l'œuvre vient d'être éditée et que d'autres  trompettistes vont pouvoir s'y attaquer ! »
Et la dure séance reprend, hachée par la voix de l'ingénieur du son, pardon du  « musicien metteur en onde » de Radio-France Philippe Pélissier qui  décortique la partition, guette le moindre écart instrumental en écoutant  simultanément une des seize pistes numériques de l'enregistrement qui est  mémorisé non loin de là sur ordinateur. On recommence telle mesure. On  « double » tel passage.
Galliano aussi
L'orchestre est docile sous la baguette de Plasson qui lui tire des beautés  sonores, notamment dans les effets de cors et les échos de basson qui parsèment  la partition de William Sheller. La  veille et l'avant-veille, le même orchestre et le même chef ont enregistré  également, pour le même disque au titre provisoire de Troisième souffle, les Trois  danses de Richard Galliano pour accordéon et trompette (le compositeur à  l'accordéon, comme à Dijon avec La  Camerata il y a deux ans) et le très beau poème symphonique avec trompette, Nuit et solitude, de Michel  Colombier.
Cette énorme aventure musicale, avec pareils artistes, a nécessité un courageux  montage financier mais Vivartis, le producteur dijonnais, qui compte avec la  passion jamais diminuée de l'industriel dijonnais Philippe Magnien, a osé  prendre ce risque en pleine crise du disque !
Thierry Caens, lui, est sûr de la qualité et de l'originalité des œuvres  enregistrées, sûr aussi de celle de l'orchestre où il fit ses débuts de soliste  il y a 25 ans.