Le Bien public
22 février 2004

Enregistrement avec Michel Plasson et William Sheller
Thierry Caens : "Troisième souffle" avec l'Orchestre National de Lyon
(par Michel Huvet)




Le trompettiste dijonnais enregistre avec Michel Plasson le concerto que lui a écrit William Sheller.

Trois jours durant, à l'Auditorium Maurice-Ravel de Lyon, l'Orchestre national de la ville s'est mis à l'heure de Thierry Caens, le trompettiste dijonnais - et lyonnais : il vient d'être nommé au conservatoire supérieur de musique -. Au pupitre, rien moins que Michel Plasson, le maestro qui vient de claquer la porte de « son » orchestre de Toulouse et se rapproche ainsi de ses parents qui habitent Dijon.
Au programme du CD dont EMI pourrait bien s'emparer quand la production Vivartis voudra bien le lui proposer, le fameux Concerto pour trompette que lui a écrit William Sheller et qui avait été créé salle Pleyel à Paris en janvier 1993 sous la direction de Yukata Sado avec l'Orchestre des Concerts Lamoureux.
Et William Sheller est là bien sûr, sagement assis dans la salle en demi-lune de cet auditorium qui fait l'huître sous la tour de la Part-Dieu, accouru de Paris où on sait qu'il a abandonné tout spectacle pour se consacrer à la seule composition sérieuse. « Ce concerto, oui, je continue de le trouver pas mal du tout » dit-il dans un sourire, à l'affût de la manière dont Michel Plasson le dirige.

Trompette en ut
Thierry Caens, qui est le dédicataire de cette œuvre d'une belle allure et d'un souffle certain, s'éponge le front après l'enregistrement du premier mouvement, pose sa trompette (en ut), se penche sur la partition avec Michel Plasson pour discuter d'un tempo ou d'un trait délicat.
« Ce concerto magnifique, dit-il, je l'ai joué plusieurs fois depuis sa création à Paris, notamment au festival de Sully, de nouveau à Paris avec l'orchestre Lamoureux et au festival de Tours. L'enregistrer est pour moi une immense joie, d'autant que l'œuvre vient d'être éditée et que d'autres trompettistes vont pouvoir s'y attaquer ! »
Et la dure séance reprend, hachée par la voix de l'ingénieur du son, pardon du « musicien metteur en onde » de Radio-France Philippe Pélissier qui décortique la partition, guette le moindre écart instrumental en écoutant simultanément une des seize pistes numériques de l'enregistrement qui est mémorisé non loin de là sur ordinateur. On recommence telle mesure. On « double » tel passage.

Galliano aussi
L'orchestre est docile sous la baguette de Plasson qui lui tire des beautés sonores, notamment dans les effets de cors et les échos de basson qui parsèment la partition de William Sheller. La veille et l'avant-veille, le même orchestre et le même chef ont enregistré également, pour le même disque au titre provisoire de Troisième souffle, les Trois danses de Richard Galliano pour accordéon et trompette (le compositeur à l'accordéon, comme à Dijon avec La Camerata il y a deux ans) et le très beau poème symphonique avec trompette, Nuit et solitude, de Michel Colombier.
Cette énorme aventure musicale, avec pareils artistes, a nécessité un courageux montage financier mais Vivartis, le producteur dijonnais, qui compte avec la passion jamais diminuée de l'industriel dijonnais Philippe Magnien, a osé prendre ce risque en pleine crise du disque !
Thierry Caens, lui, est sûr de la qualité et de l'originalité des œuvres enregistrées, sûr aussi de celle de l'orchestre où il fit ses débuts de soliste il y a 25 ans.