Le Télégramme de Brest
(édition de Lorient-ville)
9 octobre 2003
-interview avant un concert piano-solo aux Arcs de Quéven le 11 octobre 2003-

William Sheller veut toujours être un homme heureux



Samedi, les portes des Arcs de Quéven s'entrouvrent pour accueillir William Sheller, l'inoxydable « Symphoman » sur lequel les années et les modes passent sans laisser de traces. Indifférent aux diktats du show-biz, William Sheller reste fidèle à ses premières amours : le classique, le rock, la chanson et l'intimité partagée avec le public.http://memorix.sdv.fr/5/www.letelegramme.com/infoslocales/lorient_articles/210054769/Position1/SDV_TB/default/empty.gif/556e737334457277466c414141413938?

- « William Sheller est-il aujourd'hui un homme heureux ? »
- « Ces derniers temps, je suis passé par divers stades. Il y a eu un passage difficile pendant lequel j'ai accompagné dans son départ quelqu'un qui m'était cher. J'ai fait un sacré break, mis de côté les concerts, même si j'en faisais toujours un peu. Ça va mieux. Il me démangeait de reprendre la route. C'est le retour aux affaires. Et le bonheur de la scène revient. »

- « Un come-back qui passe cette fois par la Bretagne... »
- « Lors de ma dernière tournée, je ne sais plus trop pour quelle raison, mais je n'ai pas pu venir en Bretagne. Par la suite, les gens ont un peu "râlé", j'ai reçu des mails sur mon site Internet pour me le reprocher. On me demandait : "Pourquoi t'es pas venu ?". Alors, cette fois, on s'est dit : "On va passer les voir". J'ai énormément de bons souvenirs en Bretagne. Il y a ce passage aux Vieilles Charrues. Extraordinaire ! En fait, il y a deux régions où je me sens comme à la maison : c'est le Nord et la Bretagne. C'est marrant, les gens me disent : "Tu fais toujours des chansons où il y a de la flotte". Faut croire que vos régions m'inspirent. »

- « Vous délaissez pour cette tournée l'orchestre symphonique qui vous a accompagné pour revenir à une formule "piano-solo". »
- « Ça change de revenir sur scène après avoir enregistré un album de musique classique. Quand on travaille avec un orchestre symphonique dans le dos, on a l'impression de chanter des musiques de films. Au piano, c'est évidemment plus intime, plus proche du spectateur. Dans une petite salle, on parle avec les gens, on va partout. J'aime ça, c'est comme au théâtre. Mais ne me demandez pas de dire quelle formule je préfère. »

- « Classique ? Rock ? Jazz ? Vous refusez toujours de choisir votre camp ? »
- « Je fais la musique que j'aime. J'ai été inspiré autant par les Beatles que Stravinsky, qui écrivait d'ailleurs ses rythmes dans les boîtes de jazz. Jeune, j'ai été "dressé" pour faire de la musique classique. Mon maître au Conservatoire était très dur. C'était un univers très sectaire. Le souffle d'évasion, on le trouvait dans le rock et le jazz. Les jeunes musiciens y puisaient l'envie de jouer. »

- « Comment mesurez-vous votre succès aujourd'hui ? »
- « Je pense avoir un public de fidèles. Je peux m'arrêter quelques années sans que les gens se disent : "Il est mort". Je n'ai pas non plus l'impression d'être à la mode, je ne fais pas d'effort au niveau du marketing. C'est un métier de vendre des briquets. »

- « Qu'est-ce qu'il y a dans l'horizon du "Symphoman" ? »
- « J'ai rassemblé des morceaux cet été et je prépare un nouvel album qui devrait sortir bientôt. Il y a des anecdotes comme sur Elle perd toujours les choses qu'on lui donne, titre très long que m'a inspiré l'une de mes amies. J'ai essayé de donner un ton assez drôle sur des détails de vie. Même si on m'a souvent dit que si l'on devait écouter l'intégrale de mes titres d'une traite, cela donnait envie de se jeter d'une falaise, j'ai malgré tout toujours préféré le genre mélancolique. De toute façon, je ne m'imagine pas dans la chemise de Carlos. »

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William Sheller, aux Arcs de Quéven, le 11 octobre à 20 h 30.