William Sheller a donné sur la grande scène du théâtre et devant une salle archicomble, un concert qui fera date.
Il est des spectacles rares, qui au-delà du simple divertissement qu'ils procurent, suscitent des moments d'émotions intenses, où une communion quasi parfaite s'établit entre un artiste et le public.
C'est le cas du récital qu'a donné William Sheller vendredi soir, sur la grande scène du théâtre. Seul, devant son piano, il s'est livré, sans déflorer le mystère qui entoure son personnage, à un véritable tour d'horizon de ses chansons, composées depuis ses débuts, dans les années soixante-dix. Si l'artiste consent à expliquer comment un «cahier à spirale», « Yvonne » ou un « cauchemar » peuvent être à l'origine de ses chansons, pas question pour lui de révéler quoi que ce soit de sa vie. Inutile non plus, d'essayer de décrypter les paroles de ses chansons pour en savoir plus, l'artiste s'est protégé en jetant pudiquement sur les mots un voile poétique. Pas de message non plus à délivrer, pour cet observateur du monde, seule l'envie d'être un homme heureux, malgré les doutes et les peurs.
On le savait pianiste d'exception, les Dracénois auront découvert, bien loin de l'image froide et austère que l'on pourrait s'en faire, un homme qui manie l'humour avec autant de dextérité que ses doigts, qui volent au clavier des harmonies superbes.
Elégant et discret il s'en est allé après de nombreux rappels, donner ailleurs du bonheur avec des chansons et une musique qui n'appartiennent qu'à lui et qui en font un artiste unique.
Des Filles de l'aurore en passant par le Carnet à spirale, William Sheller aura montré l'autre soir, seul sur la grande scène du théâtre, toute l'étendue de son talent. Et prouvé que la musique n'a pas besoin de frontières pour exister et être belle.