Seul avec son piano, William Sheller a offert mardi soir, sur la scène du théâtre Georges Leygues, un magnifique récital. Une leçon de piano pleine de tendresse.
Voilà trente ans que William Sheller occupe le devant de la scène de la chanson française. L'auteur-compositeur-interprète y occupe une place à part. En effet, tout au long de ces trois décennies, William Sheller a suivi son petit bonhomme de chemin, refusant de se plier aux modes, s'arc-boutant sur les musiques qui, depuis sa prime enfance, ont bercé toute sa vie. Ce pianiste de talent qui, dès son plus jeune âge, a suivi l'école classique, ne renie pas ces illustres compositeurs, tel que Bach ou Mozart.
Au contraire, William Sheller a su avec un indéniable talent marier ces tonalités classiques avec un répertoire alliant à la fois la variété de qualité, voire des sonorités et des rythmes franchement rock’n’roll.
Un mariage étonnant et détonnant qui font de William Sheller un artiste à part, d'où son surnom de « fils spirituel de Mozart et de Paul Mac-Cartney ». Il est vrai que depuis le début de sa carrière, il cultive amoureusement sa différence, refusant les succès faciles suivant l'air du temps et les modes, pour devenir indémodable.
Pour s'en persuader, il suffisait de voir le public qui, mardi soir, avait envahi le théâtre Georges Leygues. Un public où figuraient aussi bien des quadragénaires, fans des premiers succès de l'interprète tels que Dans un vieux rock’n’roll ou Le carnet à spirale, et leurs enfants, aujourd'hui adolescents, qui ont découvert tout le charme, à la fois intimiste et profondément humain de l'auteur à travers des chansons comme Maman est folle, Fier et fou de vous, Les filles de l'aurore ou encore Ho ! j'cours tout seul.
Un naturel désarmant
Des chansons dont l'interprète, seul avec son piano, détailla les inspirations lors d'un dialogue ténu et quasiment charnel avec le public. Sur la scène, William Sheller, vêtu entièrement de noir, baskets aux pieds, s'est livré totalement, en toute simplicité.
Avec des mots simples, il nous a invités dans sa plus profonde intimité, révélant les visions (un cauchemar, un soleil couchant...) ou ces petits instants, à priori insignifiants et en même temps si précieux de la vie, qui lui ont aussitôt inspiré une mélodie.
Pendant près de deux heures, avec un naturel quasiment désarmant et plein de charme, William Sheller (qui est à ce jour l'unique interprète capable de jouer aussi bien en solo qu'avec un quatuor à cordes ou un groupe de rock) a su faire partager son univers musical.
Une magnifique leçon de piano délivrée par un interprète unique en son genre qui a su suivre, tout au long de sa carrière, une voie spécifique, en dehors de toutes les modes - ce qui le rend précisément indémodable -. « Je veux être un homme heureux », chante-t-il. Mardi soir, c'est le public qui l'était et ce moment magique n'a pas de prix !