Il y a live et live. D'abord les inutiles. L'enregistrement public d'un concert où l'artiste propose des versions concert de son répertoire (soit jouées plus bruyamment et moins bien, le plus souvent) entrelardées d'applaudissements et de quelque litanie sur le bonheur d'être là, entre amis. Voire un bon mot, dans le meilleur des cas. On ne citera personne, la liste est longue.
Ensuite, les indispensables. William Sheller en propose de cette dernière catégorie. Déjà, Sheller en solitaire en 1991 avait été plébiscité par la profession : Victoires de la musique. Dans le même esprit, décalage de l'album studio et témoignage soigné d'un spectacle, Live au Théâtre des Champs-Elysées s'offre comme un disque du « symphoman » à part entière.
Sur les entrefaites de sa dernière création discographique — Les machines savantes — William Sheller a réuni un groupe de vingt musiciens venant aussi bien d'horizons classique, jazz et rock afin de recréer ce dernier album, mais aussi ses chansons plus anciennes. Avec cette formation à géométrie variable, il peut ainsi passer de la formule la plus dépouillée (piano solo) à des orchestrations symphorock comme jazzy voire musique de chambre. Ses tubes années 70 — Rock'n'Dollars — gagnent ainsi d'inattendues dimensions joués avec l'élégance d'une noble instrumentation. Débarrassée du toc, la variété peut s'avérer luxueuse quand Sheller s'en empare.