Le Télégramme de Brest
14 février 2000
-concert avec orchestre au Théâtre de Cornouaille de Quimper le 12 février 2000-

William Sheller : drôle et subtil




Un William Sheller fidèle à sa réputation, drôle, subtil et éclectique dans ses choix musicaux, a enflammé samedi soir un Théâtre de Cornouaille plein comme un œuf. Un concert de deux heures, inoubliable. Premier constat : le millésime 2000 ressemble comme deux gouttes d'eau à la cuvée 1994, avec son escorte de vingt musiciens, Maître Sheller compris, dont quinze dans un registre classique. « Et bien bonsoir, on est bien content de passer chez vous. Je dis on, car on n'est pas venu tout seul », souligne d'ailleurs d'emblée le maître d'œuvre de la soirée, mi-Tintin, mi-Popeye, pour le physique; mi-Jimmy Sommerville, mi-jogger du dimanche pour la tenue. Deuxième constat : les années passent. mais notre Gary Brooker national conserve toute sa fraîcheur, sa spontanéité et son sens de l'humour si « british ». Une authenticité qui fait immédiatement mouche auprès d'un public avide de mots et de confidences. Fidèle à une certaine tradition anglaise (Genesis première période, Brooker encore et toujours) Sheller bavarde à l'envie, sur un ton délicieusement pince sans rire. Tout y passe : les souvenirs d'écriture, les anecdotes un brin surréalistes (Maman est folle), les amis (un indispensable clin d'œil à Véronique Sanson), ou bien encore la famille (le salut au papa, contrebassiste en retraite sous le soleil de Floride). Mais l'essentiel réside sans conteste dans la musique, forcément belle et lumineuse. La cinquantaine bien entamée, Sheller domine son art de la tête et des épaules. Dans une formule caméléon, seul au piano (Centre-ville, Dans un vieux rock’n’roll); avec ses musiciens au complet (Le Nouveau Monde), ou dans une formule panachée, duel piano-trompette sur Un homme heureux, combinaison des six instruments à vent sur Le Carnet à spirale. Au catalogue des quelque 20 « joyaux » de la cérémonie, figurent évidemment les incontournables classiques. Mention spéciale pour Oh ! J'cours tout seul, premier à l'applaudimètre, en partie grâce à son saxo écorché presque « floydien ». Sublime interprétation de Fier et fou de vous, assez proche de la version en studio. Les trésors méconnus du grand public figurent également au programme, parmi lesquels Basket-ball et sa rythmique carrée à la Supertramp, ou encore Les enfants sauvages et ses guitares très Led Zeppelin. Les nouveautés (To you, Moondown, Sunfool, Parade) tiennent par ailleurs toutes la route. Un regret, néanmoins : l'absence des Machines absurdes. Mais, pour le reste, rien à redire. Sheller a déjà sa place au Panthéon de la chanson !