La Dépêche du Midi
13 février 2000

Showbiz
William Sheller s'attaque aux machines


           

Dans le métier depuis 25 ans, il n'a pourtant pas «squatté» la télévision, la radio ou les scènes de France. Personnage discret, très discret, William Sheller a enregistré neuf albums à ce jour: de My year is a day  qu'il avait composé en 1968 pour Les Irrésistibles jusqu'au tout dernier, Les Machines absurdes.

Cet album naît après six ans «d'absence», six ans de silence comme on dit encore dans le monde du showbiz. Des propos qui ne lui font ni chaud ni froid parce que lui, mieux que personne, sait la façon dont il a employé ces six dernières années : dans un monde bien à lui, où l'on trouve bien plus facilement l'inspiration que dans celui  - promotion et repromotion - dans lequel les jeunes chanteurs français sont trempés.

A 54 ans bientôt (le 9 juillet prochain), le plus «américain» des artistes français (son enfance aux Etats-Unis auprès d'un père contrebassiste et d'une mère passionnée de jazz a été simultanément bercée par Dizzy Gillespie et Stravinsky) est aujourd'hui devenu à son tour en France l'un des compositeurs les plus admirés. Sans doute parce qu'il a su, à l'instar de sa «vieille» copine Catherine Lara, utiliser le meilleur des musiques qui l'ont inspiré. Pour preuve encore ce neuvième album qu'il nous propose aujourd'hui et qui, bien qu'il soit avant tout un album «de chansons» (des musiques accompagnées de textes pour provoquer en nous d'autres émotions) est sans aucun doute un nouvel album signé par un authentique créateur musical. Avec un joli petit clin d'œil à la musique des Beatles toujours bien présente dans son cœur (l'intro d' Indies rappellera à beaucoup le fameux Sergent Pepper's  des «quatre de Liverpool»), avec surtout une multitude de trouvailles lyriques - et techniques aussi (merci l'ordinateur) - dans lesquelles il nage désormais comme un poisson dans l'eau.

Quand vous lui parlez de son métier, William n'a qu'une réponse en tête : «Mon travail est avant tout une recherche sur le langage au niveau d'une esthétique musicale. Je ne suis pas un chanteur qui fait des symphonies mais un compositeur de musique qui s'intéresse à la chanson parce que c'est un art populaire et merveilleux dans le sens où il joue sur les émotions, sur les sentiments, sur les images».

Dans  Les machines absurdes, ce nouveau disque qui va aussi nous permettre de pouvoir l'écouter en tournée avec vingt musiciens autour de lui, William Sheller donne ce qu'il a retenu aujourd'hui de meilleur sur toutes les partitions classiques qu'il a eu dans les mains.

Avec la complicité d'Yves Jaget, l'un des trois meilleurs ingénieurs du son en France, il est entré aussi de plain pied dans ce que l'on peut faire de mieux (Misses Wan) avec ces sacrées machines électroniques quand on sait les faire avancer.

Sans pour autant perdre le goût (Chamberwood) ni pour les bons mots, subtils, ni pour la poésie.