William Sheller revient après six ans d’absence. Avec un album plutôt mélancolique, comme ces nuits qui s’en vont toutes seules « par un tas d’endroits / Où l’on se fait du mal / Oh juste à peine...». Dix titres pour plonger pendant quarante minutes dans le monde d’un rêveur solitaire. Malheurs-violons et soleils-clairons résonnent dès la première note. Les sonorités d’une trompette se marient à celles des basses, via l’ordinateur. Cette informatique, qui a d’ailleurs donné son titre à l’album, Les machines absurdes, parce qu’elle permet d’obtenir des climats à la manière d’une musique de film. Le « symphoman » aime tellement cela. Il semble être définitivement revenu de son détour par le hard rock (Albion, 1994) et c’est tant mieux. Et puis, Sheller, ce sont aussi les mots, choisis avec un perfectionnisme presque maladif. Parce qu’ils doivent sonner juste, s’imbriquer, n’être plus que mélodie à eux seuls. Le résultat ? Des paroles écrites sur mesure pour celui que Barbara qualifiait davantage de diseur que de chanteur.
Inimitable. « J’ai le mal du cœur en altitude / Dans l’immensitude / De mon ciel d’aimer / C’est faut croire une fâcheuse habitude. » Avec son nouvel opus, dont on dit qu’il pourrait être le dernier, William fait du pur Sheller. Entre fable humaine (Indies) et bande dessinée (Misses Wan), il promène ses émotions douces-amères, à la recherche d’un bonheur forcément perdu. Mais en homme heureux d’être là.