Avec Les Machines absurdes, son nouvel album, William nous sort du Sheller entre musique classique et  techno. A l’Olympia en février-mars.
        
        Cet homme a collectionné les hits : Rock'n'dollars, Dans un vieux rock’n’roll, Oh !  j’cours tout seul ou Un homme heureux,  qui lui a valu les Victoires de la musique en 92. William Hand, pour  l’état-civil, a composé son pseudonyme à partir de Shelley (poète anglais),  Schiller (poète allemand) et « shell » : coquillage, carapace.  Un assemblage qui correspond bien à cet artiste du signe du Cancer, très  attaché à son sweet home. D’ailleurs, pour faire écouter ce nouvel album, il  reçoit la presse chez lui : « C’est  convivial, non ? ». En effet. Imaginez, dans un quartier très  chic, un duplex art moderne et brocante, bourré de trouvailles comme ce canard  en cuillères d’argent tordues ou un Bugs Bunny géant en carton. 
          
          - « Vous étiez où, entre Olympiades en 95 et Les machines absurdes ? »
             - « Je me suis baladé en Irlande, où je compte m’installer prochainement.  Ça swingue, à Dublin, tandis qu’ici c’est un peu gelé. J’ai fait le marché de  la création, à Lyon et… j’ai écrit des chansons. Je suis un homme heureux, père  comblé, entre un fils de 26 ans, un petit-fils bébé et une fille de 28 ans qui  sillonne la jungle en Mobylette. Mon fils est musicien mais reste dans l’ombre,  de peur d’être estampillé fils-de. »
            
            - « Pourquoi ce  titre, Les machines absurdes? »
        - « Si j’aime bien la musique des machines, je déteste  quand il en sort un son tout fait. Il faut avoir travaillé ce matériau. C’est  toute la différence entre un son Massiv Attack et Pagny ou Obispo. Je n’ai pas  eu envie d’abuser de la formule piano-voix, de devenir le Charles Dumont des  années 90. D’où Albion (94), un album  100 % électrique. Je suis né avec le transistor à piles, alors je travaille  avec un jeune, Gaël Yvan, conservatoire de violon, et un preneur de son à la  mode, Yves Jaguet. Je crois aux mélanges de générations, de sons. La techno  avec la trompette, le violon électrique. Dans la chanson To you,  on entend le basson, cet instrument en bois qui donne un son débonnaire et  malheureux. »
          
            - «  Vous avez  toujours su que vous feriez ce métier ? »
          - «  Oui. Une espèce de foi aveugle qui vous donne le culot nécessaire  pour frapper aux bonnes portes. A 12 ans, je voulais être Beethoven ; bon,  j’ai revu mes prétentions à la   baisse. Même du temps de mon premier groupe, The Worst (les  Pires), j’y croyais. Pourtant, quelle galère ! On avait les cheveux longs,  on faisait 200 km  pour un cachet de cinquante francs par musicien. On avait une vieille Dauphine  dans laquelle on tenait à cinq, avec les guitares, la batterie, les valises.  Comme elle ne démarrait pas, il fallait la pousser, monter en vitesse en  laissant tourner le moteur, charger le matos. »
          
          - «  On dit "Sheller c’est triste ?"  Pourquoi, d’après vous ? »   
           - «  Les gens, s’ils m’aiment, c’est parce que je chante des choses qui  les touchent. Sinon quoi ? Je vais leur chanter des histoires de showbiz,  genre "J’ai pris le taxi à Londres"?  Dans To you, bien sûr, il est  question d’une fin d’histoire. "J’ai  trouvé dans mon piano/ quelque chose qui ne m’appartient pas/une mélodie et des  mots… Ça vient tout seul dans les doigts/ et puis ça parle de toi. " »
          
          - « A l’Olympia,  vous serez seul avec votre piano ? »
        - « Ah non, il y aura des musiciens sur scène avec moi.  Faire de la scène, partir en tournée, c’est mener une vie comme celle des  troupes de théâtre. Au Festival des Nuits de Champagne, 600 personnes étaient  là, c’était grandiose. Le public qui se déplace n’est pas forcément celui qui  achète le disque. Donc aller vers les gens, via la scène, c’est très  important. » 
        
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            - Les Machines absurdes (Mercury).
              - Du 22 février au 2 mars 2000 à L’Olympia.