Le Soir
18 janvier 2000

Sheller et ses Machines absurdes
(par Thierry Coljon)




En décembre dernier, quelques jours avant ses deux concerts belges en solo piano, William Sheller nous avait reçus chez lui, levant un coin du voile sur ce disque sortant aujourd'hui. Cela faisait deux ans qu'il travaillait dessus. Cela devait donner dix-huit chansons réparties sur trois CD : un premier plus «chansons traditionnelles», un deuxième «piano et instruments» et un troisième s'ouvrant sur des boucles, des rythmes et des sonorités synthétiques. En fin de course, Les machines absurdes ne comportent que dix chansons (dont Les millions de singes parue sur la compil' et ici rebaptisée Indies). William a donc taillé mais, au fil de chansons qui lui ressemblent, on retrouve cette triple idée : les chansons, les cordes (avec notamment son orchestre belge cornaqué par Jean-Pierre Catoul), les «beats»... tout cela se retrouve sur le disque, mélangé, métissé, croisé...
Titres en anglais mais textes en français. Violons mais aussi guitares électriques stridentes : Sheller, à mille lieues de l'extrémiste Albion (qui fut loin de convaincre son public habituel) et des plans symphoniques, a trouvé un juste milieu, une voie inédite et réussie. William a condensé ces différentes tendances, ses amours éclatées. Tout est mêlé sous la bannière de chansons évidentes et accrocheuses, belles et légères.
Après vingt-cinq ans de carrière, le «Symphoman» prouve qu'il a encore des idées, qu'il peut avancer, proposer du neuf sans devenir un buste en marbre, comme il aime le dire lui-même, juste bon à arranger des violons. Voilà donc un tout bon nouveau Sheller qu'on reverra avec d'autant de plaisir, en formation complète, à Forest-National, le 30 mars.

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William Sheller : «Les machines absurdes» (Philips-Universal).