En 1991, il était venu sur la scène de l’Olympia « en solitaire ». Avec juste son piano noir pour moduler ces « mots qui viennent tout bas », ceux de magnifiques chansons comme Maman est folle, Fier et fou de Vous, Les Filles de l’aurore, Un homme heureux. Et puis cette année, surprise : Sheller traverse la Manche jusqu’en douce Albion et nous offre un nouveau CD déconcertant, aux accents pop et rock pur jus, soutenus par la batterie de David Ruffy, les guitares de Gary Tibbs et Steve Boltz, la console de Mark Wallis.
Toujours en 1994 et à nouveau à L’Olympia, l’étonnant Sheller débarque en ayant déjà oublié ses copains anglais. Cette fois-ci, ils sont une vingtaine de musiciens sur scène : neuf cordes, un sextuor à vent, un groupe guitare-basse-batterie, une percussionniste. Avec ce type de formation, William Sheller peut varier à sa guise les types mélodiques, passer sans autre d’une atmosphère rock à une ambiance classique.
Une souplesse qui correspond bien à ce personnage soucieux de ne jamais se laisser enfermer dans un genre, perpétuellement avide de nouvelles explorations musicales. « J’ai besoin d’être nomade », a-t-il confié, car c’est ainsi que l’on apprend le plus de choses…Eviter la rouille…Je change de secteur comme on change de terrain d’aventures… Je suis musicien comme on peut être cuisinier. Un cuisinier ne fait pas que des plats principaux, mais aussi des entrées, des choses plus légères, des desserts… »
Dans son nouveau spectacle il s’offre donc le plaisir de revisiter certains de ses succès. Il entreprend Basket-ball avec violons et guitares électriques ou Le Carnet à spirale, entre Poulenc et le dixieland, au sextuor à cordes ! Une somptueuse introduction baroque accompagne Le Nouveau monde alors que seuls le piano et une trompette soulignent le romantisme d’Un homme heureux et violons et batterie celui de Fier et fou de vous.
Parce qu’il est un Symphonan caméléon, qu’il se laisse difficilement cerner et définir, William Sheller n’a pas encore aujourd’hui le succès qu’il mérite. Par ailleurs d’aucuns considéraient (et considèrent encore) comme un leurre sa volonté de concilier rock et musique classique. C’est pourtant tout ce qui fait de cet artiste un être à part. Et sans doute est-il l’un de ceux qui ont contribué à donner quelques lettres de noblesse à la variété française.
Nul doute qu’en faisant fi de tout préjugé, les spectateurs qui iront le voir à Genève ou Montreux seront conquis par sa simplicité et sa sincérité. Qunt aux fans, ils trouveront leur idole plus épanouie que jamais. C’est du moins ce que racontent ceux qui l’on vu à l’Olympia….
-GENEVE, Grand Casino, quai du Mont-Blanc 19, samedi 10 à 20 h 30 ;
-MONTREUX, Auditorium Stravinski, Grand-Rue 95, dimanche 11 à 20 h 30.