Mr William lâche la proie pour Londres. Toujours là où on ne l’attend pas, le kobold éclectique. Et même franchement électrique, cette fois-ci. Baroque’n’roll avec clins d’yeux appuyés aux seventies britanniques. Une assiette anglaise relevée au chutney de la beatlesmania et autres guitares saturées façon Jimi Hendriks. Un étrange nouvel album où notre mister Magoo à tête de tortue peaufine son art de la fougue. Goodbye le clavier solo (avec ce pur joyau qui illumina la saison dernière Un homme heureux -1-), voici notre imprévisible « ornithorynque de la musique », palmé variétés à l’avant, caréné rocky nostalgie à l’arrière, en plein hommage aux seventies britanniques, histoire sans doute de se souvenir qu’il avait débuté dans la boutique en chantant : « Donnez moi madame s’il vous plaît, du ketchup pour mon hamburger », bientôt suivi en 1975 d’un tube marshmallow : Dans un vieux rock’n’roll (2).
Vingt ans après, est-ce le naturel qui revient au galop ? Avec en prime l’ « heroic fantasy » Excalibur en version hard, et un titre en angliche, I spy, dû à Steve Bolton. Un slalom élégant entre styles et modes, qui trace le parcours réfractaire d’un compositeur à part, infiniment pudique. Même très légèrement désincarné. Un chevalier servant de la chanson de qualité, noble et sentimental. Imaginez Tintin rencontrant Stravinsky.
A propos, n’oubliez pas que ce rebelle à l’uniformité sonore crée une symphonie (3) les 24 et 27 mars prochain, à Pleyel. Juste comme ça, pour brouiller encore plus les pistes… 
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Albion de William Sheller. Phonogram 518963.2
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Notes du site :
(1) Un homme heureux est paru en 1991, soit trois ans avant Albion.
(2) Dans un vieux rock’n’roll est paru en 1976.
(3) L’Alternative, créée par l’orchestre des Concerts Lamoureux.
