Avec « Albion », William Sheller se noie dans des arrangements trop encombrants.
Mais que s’est-il passé dans la tête de William Sheller ? Lui qui nous a donné Un Homme Heureux d’une rare sensibilité, lui le roi des arrangements subtils, avec piano et violons ? L’ami Willy sort un nouvel album, Albion et c’est la consternation : à la première écoute, ses textes sont noyés dans une soupe musicale pleine d’accords de guitare électrique et de chœurs mielleux. Tout baigne dans un bruit de fond vaguement rock et plutôt fatiguant. On s’énerve, on en oublie même d’écouter les textes. Et puis on se dit qu’on n’a pas été assez attentif, que ce n’est pas possible que le chanteur français se soit pareillement fourvoyé. Et on réécoute. En sautant Good bye good bye good, qui frise la niaiserie, pour s'arrêter à Maintenant tout le temps : on retrouve alors une mélodie à la William Scheller et de bien jolies paroles. Alors, tant pis pour les effets musicaux et les solos de guitare placés là, sans conviction. On tente d’ignorer I spy (pourquoi cette voix si métallisée ?) et on se laisse séduire par La navale, un slow très poétique, ou Relâche. William le parolier ne fléchit pas, ses textes sont touchants et pudiques. C’est à Sheller le musicien qu’on adresse des reproches. A celui qui peut-être croyait que sa voix nue - pourtant si belle - ne suffirait pas pour attirer le public une seconde fois.
□ Dist. PolyGram